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samedi 5 novembre 2016

Le grand départ

Ils sont tous prêts, ils sont tous là, ils vont partir...
Qui ça?
Ben les marins, les aventuriers du Vendée Globe!
Cette course en bateau autour du monde, qui a lieu tous les quatre ans. L'un, ou le, plus grand événement sportif du monde. Ils partent pour deux mois et demi pour les meilleurs, trois mois ou plus pour les autres... Ils n'ont aucune assistance, ils doivent être capables de tout réparer (mais ils ont droit à l'aide téléphonique de leur équipe à terre).

C'est forcément quelque chose d'énorme, des mois et des mois de préparation, voire un an ou deux pour la plupart. Ils sont 29 cette année. Jusqu'à présent les statistiques montrent que plus d'un tiers, voire presque la moitié, abandonne. Choc avec des bateaux de pêche, ou des Objets Non Identifiés (billes de bois, containers, etc), ou des cétacés, ou des growlers dans les mers du sud, casse du matériel (mât, safran, dérive, ou toute autre chose), blessure, etc...

Ils partent demain dimanche à 13 H. Là, ça doit stresser, car ce sont les dernières heures à terre.
Ces bateaux de 18 m vont de plus en plus vite, à chaque course il y a des innovations : dérives supplémentaires, quille pivotante, mât aile qui tourne avec la voile, foils...
Les foils sont comme des moustaches sur les côtés de la coque qui permettent de sustenter le bateau aux allures portantes. Résultat : le bateau part au planning et va plus vite, jusqu'à trois noeuds (5 km/H). L'incertitude c'est que ça tienne ou pas. Certains ont déjà cassé lors de courses précédentes ou d'essais. On verra...
La certitude c'est l'inconfort, le bruit, les chocs, l'humidité permanente, l'impossibilité de vraiment dormir (ils dorment par tranches d'une demi heure environ, cinq à six heures par jour), le stress.
Avant ils allaient à 10 - 15 noeuds, 20 ou un peu plus dans des conditions extrêmes, maintenant les "foilers" dépassent les 30  noeuds. C'est comme si vous passiez d'un moteur classique à un turbo. Sauf que cela va durer deux mois et demi!
Du coup ils vont porter des casques de protection, des systèmes anti-bruit, certains vêtements sont renforcés...



A ce niveau, personne ne parle plus de plaisir, ils partent plutôt la peur au ventre. 
Ils sont une petite dizaine à courir après la victoire, une revanche à prendre, l'esprit de compétition, ou l'esclavage d'une passion. Certains vendent leur maison, s'endettent jusqu'au cou pour vivre leur passion, même avec l'aide de sponsors. Les budgets vont de 400 - 500 mille euros pour les moins fortunés à 4 ou 5 millions d'euros pour les équipes les plus riches. 
Et dire que certains vont s'arrêter au bout de quelques jours, je ne leur souhaite pas, mais cela arrive régulièrement. On voit alors leurs visages rougis par les larmes, L'énorme tristesse de leur engagement brisé par le destin. L'un d'entre eux a démâté au bout de deux jours il y a huit ans. Il y a quatre ans il est heurté par un pêcheur au large du Portugal, abandon de nouveau au bout de trois jours. Imaginez la déprime! "Suis-je maudit?" pouvait se dire Kito de Pavant. Il en faut du courage, de l'énergie, pour repartir une troisième fois, à 55 ans! 



J'ai déjà assisté à un départ, à cet immense engouement populaire pour ces hommes qui partent seuls autour du monde, c'est très fort. Tous les marins en parlent. Il y a une reconnaissance du public comme nulle part au monde, au départ comme aux arrivées, y compris pour ceux qui abandonnent.
Les gens sont touchés par cette gigantesque aventure avec la violence des éléments, il y a eu des naufrages et des morts, et au bout d'eux mêmes. 
Aller au bout de soi même, jusqu'à ses limites, peut être même au delà... Même si la technologie domine, un homme reste un homme. Ha oui, il n'y a pas de femmes cette année!

2 commentaires:

Anonyme a dit…

merci pour ce bel article passionné....quand on aime les bateaux-c'est mon cas- on apprécie doublement!
Marie-françoise

anne a dit…

Moi je ne connais rien à cet univers et ta passion est contagieuse.