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mardi 4 août 2020

Gisèle Halimi, une sacrée femme


Gisèle Halimi est morte le 28 juillet dernier. Elle avait 93 ans.
Cette femme assez extraordinaire, intelligente et rebelle, a défendu la cause des femmes comme peu l'ont fait. Parler de "la cause des femmes", c'est aborder un sujet de fond, celui de la condition féminine, celui de l'égalité homme - femme (notez que l'on ne dit pas femme - homme, la femme est bien après l'homme!), ou plutôt de l'inégalité entre hommes et femmes, et au final dénoncer l'état de machisme qui domine le monde à travers ses différentes réalités que sont le travail et sa rémunération, les lois et la justice qui en découle, le langage et les comportements, bref la culture qui imprègne insidieusement la majorité des êtres humains, une culture de la violence entre autres, de la domination de l'homme (et pas seulement sur la femme, mais sur la nature, le monde animal).

Cette femme "engagée", comme on dit, va se battre d'abord pour l'indépendance de son pays, la Tunisie, mais aussi celle de l'Algérie, elle défendra, devenue avocate, des condamnés algériens, dénoncera la torture pratiquée par l'armée française pendant la guerre d'Algérie.
En 1960 elle défendra Djamila Boupacha, militante du FLN, torturée et violée par des soldats français en détention, dont Simone de Bauvoir se fera écho dans le journal Le Monde.
Féministe, elle se battra pour le droit à l'avortement et le libre accès aux moyens contraceptifs. Elle fonde en 1971 le mouvement Choisir la cause des femmes. En 1972 ce sera le fameux procès de Bobigny où elle obtient la relaxe pour une jeune fille de 16 ans qui a avorté suite à un viol.
En 1978 sa défense médiatisée de deux femmes violées 4 ans plus tôt par 3 hommes, permettra l'adoption d'une nouvelle loi en 1980 sur le fait de considérer le viol et l'attentat à la pudeur comme un crime et non comme un simple délit. 
Je viens justement de voir le film "Le viol" à propos de cette affaire et l'émission avec les intéressées qui a suivi. Très intéressant, je vous conseille (sur la 3).
Puis elle défend l'interdiction à l'école du port du voile, la parité, etc...
Bref une humaniste, une vraie... C'est assez rare pour qu'on en parle. Il en faut du courage!

Mais comme "Aux âmes bien nées, la valeur n'attend pas le nombre des années", voici le meilleur...
Il faut lire dans les livres de Gisèle Halimi les explications toutes psychologiques qu'elle donne à la formation de son caractère par rapport à son histoire parentale. Son féminisme s'enracine dans la déception suscitée par sa naissance auprès de parents qui espéraient un garçon. Sa mère marqua toujours sa préférence pour ses fils, tandis que son père, désarçonné par la détermination dont elle fit preuve dès son plus jeune âge (notamment dans le refus d'être assignée à une condition inférieure), ne cessa de lui porter une grande affection.
Elle se révolte au sein de sa famille contre l’obligation faite aux filles de servir les hommes à table, y compris ses frères, et contre l’obligation de se consacrer à des tâches ménagères dont ses frères étaient dispensés. À l'âge de treize ans, elle entame une grève de la faim afin de ne plus avoir à faire le lit de son frère. Au bout de trois jours, ses parents cèdent et elle écrit dans son journal intime de l'époque : « Aujourd'hui j'ai gagné mon premier petit bout de liberté ». Elle avait également entamé une grève de la faim à dix ans, pour appuyer son droit à la lecture et obtient de bons résultats scolaires là où ses frères échouent : l'indifférence à ce sujet au sein de sa famille ajoute à son indignation.
Selon Le Maitron, le racisme et l’antisémitisme qu'elle vit dans son enfance expliquent l'importance de son engagement en faveur de la décolonisation, tandis que l'engagement d'un oncle du côté paternel au sein du Parti communiste tunisien joue dans sa socialisation politique.
Des années plus tard, elle estimera qu'elle avait en elle « une rage, une force sauvage, [une volonté de se] sauver ».(Wikipedia).


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