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jeudi 23 février 2023

La bonté humaine

J'ai déjà parlé de mon handicap, non pas que je veuille m'étaler dessus, mais partager ce qu'il m'a fait découvrir : la bonté humaine. Rien que çà! C'est si facile de se replier sur soi-même, d'être méfiant, d'échapper au contact, par peur sans doute, par manque d'ouverture, puis par habitude. On partage le monde, mais en vérité on vit séparé, chacun dans sa bulle, la plupart du temps. Le fait de ne plus pouvoir utiliser ma main droite, ou presque, les muscles qui ont disparu et le manque flagrant de forces dans les bras, une démarche mal assurée, limitent forcément mes capacités. Je me débrouille autrement, et ça reste vivable. J'ai appris à demander de l'aide, mais il arrive que je n'ai même pas à demander...

L'autre jour, j'avais décidé de mettre des chaussures à lacet, histoire de changer, au lieu de mes tennis à scratch qui sont si pratiques pour moi. Je pars en voiture, les lacets serrés avec un noeud tout simple ne tenant pas. Je devais me rendre à la gare routière pour ensuite prendre un bus. Je m'assieds sur un banc et commence à faire un noeud à la chaussure gauche, plus facile pour moi. J'arrive à en faire un à une boucle et me mets à la chaussure droite, plus difficile. Au bout d'un moment, une femme que je n'avais pas vue venir, s'accroupit pour faire un vrai noeud à deux boucles. Je n'en reviens pas, et la remercie. Elle refait du coup la chaussure gauche. Elle est avec une amie, elles parlent catalan ou espagnol. Encore un merci, un sourire, et au revoir. Alors là, quelle leçon de bonté humaine! Je n'en reviens pas. A côté de moi sur le banc, il y avait un jeune homme, à qui je n'avais rien demandé bien sûr, mais qui n'avait pas bougé. Vraiment ce geste m'a touché, car il faut se baisser pour faire un noeud, c'est une forme de simplicité, ce n'est pas comme aider à porter un sac par exemple, on touche à "l'habillement".

Quelques jours plus tard, je me trouve faisant plusieurs courses et terminant dans un super marché au moment de la fermeture. Je profitais de réduction pour acheter deux sacs de terreau de 40 litres. Je demandais à la vendeuse de les mettre dans le caddie, à la verticale pour que je puisse les sortir. Il fait nuit, il n'y a presque plus de voitures sur le parking, et je commence à vider mes courses. Restent les deux sacs. J'essaie de soulever le premier, mais c'est trop lourd. C'est alors qu'un homme, allant ranger son caddie vide, passe juste à côté de moi et me propose son aide. J'accepte évidemment, notant bien que malgré le parking quasi désert, il arrive pile au bon moment. Au merci que je lui dis, il ajoute un "Bonne soirée". Encore un exemple d'aide sans demande de ma part. Toute cette bonté gratuite dont je ne me doutais pas avant mon accident. Cela m'a ouvert les yeux et le coeur.

3 commentaires:

FRANKIE PAIN a dit…

Frankie pain blog
Comme vous j’ai herité d’un handicap. Avec une magnifique reception votre texte. Ce n’est pas tous les jours que nous pouvons lire cela. Bon courage cher Monsonsieur que je lis depuis longtemps.
au revoir bon voyage

yannick a dit…

Merci Frankie, bon cheminement.

Dominique a dit…

Réconfortant dans un monde où c'est plutôt le contraire qui domine. Etrange phénomène que l'être humain.