La dernière personne à qui j'ai demandé mon chemin pour rejoindre Frère Antoine m'a dit : "Quand vous le verrez, vous serez sauvé!"
C'était comme un jeu de piste. J'avais des indications mais ce n'était pas une maison dans une rue avec un numéro. Il fallait avoir tous ses sens en alerte pour trouver le bon chemin, parfois abandonner un chemin bien visible pour un autre moins visible. Cette approche avait un goût très particulier.
Et puis je suis arrivé, il fallait escalader encore un peu, mais je l'aperçus. Il me fit signe et m'accueillit avec une simplicité déroutante. Il était habillé avec une sorte de burnou blanc. Il avait une bonne bouille, ronde, joviale, le sourire aux lèvres, et la malice dans les yeux.
Je regardais, et n'ayant pas de référence, tout me plaisait. La grotte était fermée par un muret en pierres et en terre, des ouvertures avaient été faites avec des sarments de vigne et des bouts de verre ou des fonds de bouteilles. Il y avait une sorte de terrasse sous une treille avec une table, un banc et des tabourets. Tout avait été récupéré ou fait par lui, comme j'allais le découvrir.
Il me proposa de m'installer pour diner. Lui ne mangeait pas le soir.
Puis il m'a proposé de dormir à coté dans une petite grotte, où je découvris ses écrits. J'étais comblé.
Le lendemain matin, réveillé avec l'aube, après avoir médité, je lui rendis visite. Le petit déjeuner attendait.
Ce n'est pas que l'on a beaucoup parlé, cela s'est fait au fur et mesure. En fait il y avait des gens qui montaient presque tous les jours jusqu'à sa grotte : des amis réguliers, des randonneurs, des touristes (surtout le dimanche), des jeunes, des vieux... Il voyait très bien à qui il avait affaire, et répondait en conséquence.
Il pouvait dire des choses profondes, et se moquer ensuite ou sortir une grossièreté (sauf que dans sa bouche c'était autre chose).
Il me parla d'Arnaud, de l' Inde, et me fit découvrir les "Carnets de pélerinage" de Ramdas qui devinrent mon livre de chevet.
Au bout de 3 jours j'avais l'impression d'être là depuis une semaine. Je me sentais dans une confiance totale, sans pensée du lendemain ou d'un après, heureux comme jamais.
Sa présence me nourrissait et me donnait une liberté incroyable. Je suivais son rythme de vie. C'était simple.
Parfois on parlait, parfois c'était le silence, ou on se promenait. Des anecdotes de la vie devenaient enseignement. Parfois j'étais seul, je lisais, écrivais, méditais, marchais ou escaladais...
Sa vie était tellement différente de tout ce que l'on peut imaginer, cela semblait comme un jeu miraculeux, et j'eus l'occasion de le vérifier sur place.
4 commentaires:
Quel cadeau,une relation comme cela.Quelle noblesse cette parole donnée.
oui, quel cadeau aussi que tu nous fait par ton témoignage...
peut-on encore le rencontrer, où exactement ?
Merci mabes. Oui on peut aller le voir. La photo représente justement les montagnes de Roquebrune où il est.
C'est sur la commune de Roquebrune sur Argens (près du Muy, à 10 km de Fréjus), lieu dit Les hauts Pétillons. Cela avait été dit sur le blog d'Alain il me semble.
Oui, beau et touchant témoignage...
J-P mystico-petto
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