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mardi 15 mars 2011

Les images ou comment créer de l'émotion

Avec le tremblement de terre au large du Japon et le tsunami, le risque nucléaire d'une centrale sur laquelle on ne maîtrise pas grand chose semble s'aggraver de jour en jour.
Et les débats font rage.
C'est très intéressant de voir ce qui motive les interventions, en fonction de leurs positions politiques, de leurs statuts de scientifiques, ou de véritables croyances derrière tout ça.
Il y a les faits d'une part, comme toujours, et ce qu'on en fait, ce qu'on en dit. Là on part très vite dans les interprétations, les suppositions, les jugements. Les médias n'arrangent rien comme d'habitude, essayant de vendre de l'émotionnel à grand effet.

Si on compare avec le séisme de Haiti l'an dernier, entendais-je hier, qui a fait plus de 250 000 morts, le bilan humain qu'il soit de 10 ou 20 000 morts ne souffre pas comparaison. Par contre le fait d'avoir des images quasiment en direct du tsunami, en tout cas suffisamment parlantes, et en continu aux informations, est d'un tout autre impact qu'un tremblement de terre sauvage et soudain dans des pays souvent pauvres dont on ne voit que les effets après coup.
De même j'entendais que nous, en tant qu'occidentaux, sommes plus touchés par ce qui arrive à des gens qui ont le même niveau de vie qu'à des populations très pauvres. On sait bien que le traitement de l'après séisme en Haiti est un vrai scandale.
Et on pourrait continuer à étudier les faits en opposant des points de vue, qui ont tous leurs valeur pris séparément.

En fait je me dis qu'il y a un mythe à détruire : celui de la croyance que l'accident, naturel ou pas, ne fait pas partie de la vie. On est élevé avec cette idée que le pire ne peut arriver, qu'il est anormal, ou dit d'une autre manière que l'on n'a aucune envie d'être dérangé par quoique ce soit. Cela confirme ce fait des sociétés modernes : nier la mort.
Or la mort fait partie de la vie, les accidents font partie de la vie, tout fait partie de la vie, comme la maladie, la bêtise, la négligeance, et les catastrophes naturelles...

Catastrophe vient du grec kata qui signifie "vers le bas" et stophé qui signifie "tour". Ce serait quelque chose qui tourne vers le bas, et donc l'idée d'une chute. Une déstabilisation en quelque sorte.
Et cela nous renvoie bien à ce besoin fondamental de stabilité rassurante.
A l'échelle terrestre, l'homme est tout petit. Les catastrophes ont toujours existé. Que l'on s'y prépare est une bonne chose, mais on ne peut parer à tout. L'inévitable est toujours là, qu'il soit agréable ou pas.

Autre découverte des médias : les Japonais seraient plutôt zen. Même s'il ne faut pas simplifier (l'on ne sait pas vraiment ce que vit l'autre intérieurement), c'est quand même une forme de leçon. Du coup les médias vont nous montrer quelques occidentaux angoissés, beaucoup plus normaux ceux là!

Vraiment le spectacle est à tous les niveaux. Entre les faits, ce qui et dit, et la manière...

2 commentaires:

Laure passagère a dit…

Oui et c'est très intéressant. ce que cela produit en nous. Nous sommes le monde et le monde nous fait.
De plus "le nucléaire" on connait peu, il est presque invisible cet invité à notre table. Du coup cela provoque des remue-méninges intérieurs et créé des liens / ponts vers le futur, je ne sais trop pourquoi mais c'est ce que je ressens.

philippe a dit…

Oui,ne rien exclure dans nos vies;quel défi!