"Tenir à" est vraiment quelque chose de subtil, sinon on lâcherait bien plus vite.
Imaginez quelque chose que nous tenons avec une grosse corde, au bout il y a une corde plus petite, au bout encore une cordelette, au bout une ficelle, et au bout du bout comme un fil de laine. Pendant longtemps j'ai cru qu'il suffisait de lâcher la grosse corde seulement, parce que je ne voyais pas les autres. Et puis petit à petit j'ai découvert qu'il y en avait d'autres que je tenais encore, et du coup rien n'avait été lâché.
En fait il faut surtout vérifier si on a bien lâché les plus petites. Lâcher les toutes petites, c'est se rendre compte que l'on ne tient rien, et que rien n'est à nous en fait. Tant que l'on croit que les choses sont à nous, on aime prendre, mais on n'aime pas perdre. Et quand on perd, on regrette de ne plus avoir. On croit lâcher à 70 ou 80 %, mais en fait on regrette et donc on a rien lâché du tout.
Il faut voir les attaches invisibles, celles que l'on n'a pas l'habitude de voir parce que l'on vit à un niveau trop grossier. Quand on dort d'un profond sommeil, où est ce que l'on possède, où est ce qui vient de nous quitter? Cela n'a aucune existence.
Le véritable lâcher prise est dans la non croyance totale de notre dépendance à quoique ce soit, ou dans la conviction de notre non existence. Dès que le "je" prend une certaine importance, il cherche à posséder ce qui l'entoure, ce qu'il connait, ce à quoi il s'identifie. Cela devient vite un paquet de choses...
Donc "tenir à" est complètement normal, et il faut tomber dans un trou, c'est à dire perdre toute sécurité de ce qu'offre un bien quelconque, pour réaliser que l'être en nous n'est en rien diminué.
Un trou sans fond, va s'en dire.
C'est comme marcher au bord d'un précipice perpétuel. On risque sa vie en permanence, mais la bonne nouvelle c'est que l'on ne meurt jamais. On ne peut pas mourir parce que celui qui avait cette peur a disparu.
C'est le chas de l'aiguille. Lâcher c'est sauter dans le trou dont on ne voit pas le fond, ou le sans fond.
C'est accepter d'être perdu. C'est avoir de l'huile sur nos doigts devenus ouverts. Il n'y a plus rien à retenir.
Où tu m'emmènes, j'irais. Si les choses arrivent, c'est bien, si elles n'arrivent pas, c'est bien. Je continue de participer au grand jeu, mais juste en apparence....
Ce n'est pas qu'on lâche, c'est juste réaliser qu'on a jamais tenu. Et que rien ne rassure vraiment.
Dans cette non assurance, il y a une sécurité.
Mais en fait il n'y a personne qui en a un quelconque besoin.
3 commentaires:
Bonjour Yannick ,
............Oui ! ...à tout ! (*_*)....
et en particulier à :
" Je continue de participer au grand Jeu, mais juste en apparence ..."
... c'est là toute la différence !
De bien belles paroles... Lâcher tout! y compris notre attachement aux amis, à la famille, mais aussi au savoir ! Ce n'est pas devenir insensible, mais au contraire devenir sensible à tout, dans la compréhension du fait que l'on est rien...
Merci Yannick pour ce post.
Merci ! je retiens !
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