Membres

mercredi 10 avril 2013

Un après midi au palais

Alors que je faisais une retraite il y a bientôt 6 ans, ma maison fut victime d'un vol. En décembre dernier je reçois une convocation au palais de justice pour le jugement des voleurs.
Arrivé à14 H hier, j'en ressors à 19 H passé.
Avant les affaires de vol, il y a un vieil homme de 80 ans qui est jugé pour des actes de pédophilie. Je reste quelque temps à écouter les histoires sordides, qui doivent être le quotidien des juges, avocats et procureur de la République. Puis je sors. C'est long, si long. Comment de telles choses peuvent elles se passer? Un vieil homme, et un gosse de 9 ans, et un autre....
Il y a tellement de choses qui se passent à notre insu, cette violence insidieuse qui se faufile un peu partout, en particulier dans le domaine sexuel. Les abus des hommes sur les femmes, sur les enfants.
Dans la salle il y a une classe d'enfants qui assiste aux débats. Je pose la question à l'huissier plus tard sur le pourquoi de ces enfants. Il m'explique que c'est dans un but pédagogique. J'imagine qu'il y aura un sacré débriefing avec le professeur, une femme en l'occurrence.
Dans les couloirs, ou plutôt sur la passerelle, car le palais de Bordeaux est d'une architecture tout à fait contemporaine, les avocats discutent entre eux, avec leur robe noire et leur pompom blanc. Ils passent des heures à attendre de plaider leur affaire. Quel métier! Quel monde! Une véritable découverte pour moi.
Je passe le temps comme je peux, allant jeter un oeil de temps en temps pour voir où en sont les débats.
A un moment, en contrebas, je vois deux agents de police feuilleter une revue avec des photos de femmes nues. Peut être artistique, je ne sais pas. Cela me semble surréaliste.
Revenu dans la salle, j'écoute le procureur. Son rôle est de défendre la société. Il enfonce évidemment cet homme, mais je le trouve lourd et maladroit. Puis c'est l'avocat de la défense. Un vieux de la vieille, qui sait élever la voix aux moments opportuns, comme les hommes politiques à la voix tremblante de la 4ème république. Quel métier que celui de cs hommes, qui une fois payés, accusent ou défendent...
Après une pause c'est au tour des vols. Plusieurs personnes sont condamnées, mais toutes ne sont pas là. Un voleur récidiviste arrive entre des gendarmes, menottes aux poignets. Suit la liste des délits. A un moment le président ne s'y retrouve plus dans son ordinateur. Suit un quart d'heure de recherches, et donc d'attente...
Je regarde une énième fois cette salle. Pas une seule effigie représentant la justice, ambiance neutre. On est enfermé dans une sorte d'entonnoir, avec la lumière zénithale, à une hauteur que j'estime à une bonne douzaine de mètres. Je me dis alors que l'architecte a peut être voulu symboliser la lueur du ciel comme la lumière de la justice venant d'en haut.

C'est tellement long que je vois certains avocats fermer les yeux, même le président qui a l'air de dormir, ou de parler au greffier, ou de chercher dans ses notes, alors que l'avocat de la défense s'adresse à lui, parfois le procureur tapote son portable, en tout cas ce qui lui ressemble. Drôle de monde enfermé dans cette boite où se déroule la justice.

Je ne verrais pas la personne qui a commis le vol chez moi, parmi une soixantaine d'autres. Elle sera condamnée à un an ferme. J'aurai droit à un remboursement partiel. Je sors avant que d'attendre le sort réservé à l'homme de 80 ans. Quel après midi!
C'est ainsi tous les jours. Grandes affaires, petites affaires. Misérable humanité...

5 commentaires:

anne a dit…

Le meilleur du meilleur et le pire du pire...

Sourire a dit…

On ne peut qu'avoir de la compassion, pour tous...

anne a dit…

Et belle humanité

Acouphene a dit…

Une humanité que l'on n'a pas volé...

Dominique a dit…

Cette "capacité" des avocats à plaider avec la même conviction la charge ou la défense selon qui les emploie m'a toujours sidéré. Elle m'incite au doute ou, du moins, à l'extrême prudence face à toute argumentation aussi brillante soit-elle.