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mercredi 22 février 2017

L'Everest des océans


Vous avez peut être entendu parler du Vendée Globe, cette course en bateau autour du monde en solitaire? Elle est inqualifiable. Les premiers mettent moins de 80 jours, là on en est à trois mois et demi de mer et ils sont encore 5 en course.
C'est un défi énorme, celui d'une vie pour certains. Quelqu'un a dit que cela représentait l'équivalent de 10 ou 15 ans de vie, au vu de l'intensité. Tout le monde n'est pas appelé à vivre quelque chose d'aussi fort dans sa vie, à consacrer autant d'énergie pour la préparation, puis pendant.
Tous ont hâte de rentrer parce que c'est long, dur, et en même temps il y a la peur d'arriver parce que cela est fini, une page énorme va se tourner. Entre l'angoisse de casser, de couler parfois, du vent qui s'affole, des vagues déferlantes rarement entrevues, l'adrénaline qui monte, la trouille au ventre, et puis cette rencontre indicible avec la mer, la solitude, soi même, ses limites dépassées, cet inconnu recherché, ce goût de l'extrême...
Bien sûr il y a plein de technologie, le téléphone, le classement, ce n'est pas la vraie solitude, mais il faut quand même sacrément assumer.
Il y a les marins professionnels de haut niveau, ceux qui y vont pour la gagne et prennent tous les risques avec les bateaux les plus récents et des budgets conséquents. Certains ont déjà un tour ou deux dans leur sac, d'autres sont les jeunes loups.
Il y a les bons, les anciens, avec des bateaux d'il y a quelques années, un peu moins rapides, au budget plus limité.
Enfin les autres, marins aussi, mais plus aventuriers que coureurs, pour eux finir est déjà un exploit.
La course, la chance ou la malchance font le reste.
Il faut savoir que près de la moitié, statistiquement, ne termine pas la course. Cette année, grande première, on serait dans les deux tiers des candidats à finir.
Les raisons : la casse bien sûr, de plus en plus due à des chocs avec des Objets Flottants Non Identifiés (containers, billes de bois, mammifères marins...), rencontre avec un bateau de pêche, un cargo, le mât qui se brise, etc...
Pour certains c'est au bout de quelques jours, pour d'autres au large de toute terre. Il faut alors rallier un port, ou réparer tout seul quand c'est possible, ou appeler à l'aide quand c'est trop grave (on détourne un bateau dans les parages). Ce sont des histoires très dures à vivre psychologiquement, sans parler de l'aspect financier, quand certains s'endettent, hypothèquent...
Un de ces marins en est à son troisième accident en trois participations, cette fois ci son bateau a coulé!
Ce genre de course, de défi, est de l'ordre de la démesure. A chaque retour de marin, ils sont des milliers sur les jetées à venir applaudir, envier, remercier, ces héros de la mer.
A chaque fois que je regarde ces images d'euphorie, je frissonne...

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