Au fond de nous mêmes, il semble qu'il y ait une demande de satisfaction dans le durable, la permanence. Nous sommes plus ou moins remplis de désirs qui ne demandent qu'à être comblés. Les désirs de base, vitaux, et tous les désirs qui naissent ensuite d'une culture, d'un milieu social, d'une société, en plus des désirs très personnels qui sont déjà en nous.
La plupart des gens ne recherchent que la satisfaction de leurs désirs, qui est une sorte d'esclavage plus ou moins puissant. Il faut un minimum de satisfaction pour survivre, pour se sentir comblé, nourri, pour goûter en quelque sorte à la vie. Certaines nourritures comblent plus que d'autres, c'est à découvrir pour chacun.
Cette demande de satisfaction dans la permanence se heurte à une grande loi : Rien de dure! Tout ce qui naît meurt, indique les enseignements spirituels. A vérifier bien sur, mais c'est vite vu.
Tout fonctionne en cycle, qui part de la naissance, va vers une croissance, une maturité, puis un déclin, pour finir par la mort. Que ce soit une plante, un être vivant, une civilisation, une pensée, un désir...
Pris par les désirs, on ne le voit pas vraiment fonctionner dans son déroulement propre.
Ne serait-ce que la faim : sentir la faim, nous connaissons. Mais sentir comment cela s'apaise est plus difficile. Nous sommes facilement pris par la précipitation d'être comblé, puis par l'éventuel plaisir que l'on veut prolonger, mais qui n'est plus du même ordre, sans parler du partage avec d'autres, des infos que l'on écoute en mangeant, etc... qui nous font complètement passer à côté de la seule demande physique du départ, la faim.
Toute précipitation prolonge la dépendance, nous évite de prendre un minimum de recul.
Comment se fait-il que l'homme soit fondamentalement attiré vers une permanence alors que rien ne dure au niveau du vivant? C'est un vrai paradoxe, un vrai dilemme.
Si on regarde de plus près, il devient évident que la satisfaction fondamentale ne peut exister, et que si quelque chose est possible, c'est forcément d'un autre ordre. On pourrait dire que ce n'est plus physique, mais supra physique. Il faut une demande plus fine, plus subtile, qui appelle une réponse d'un autre ordre. Quelque part il faut déjà savoir que la réponse existe.
Ce désir au delà de tous les désirs ne peut s'expliquer, il est là où il n'est pas là. Il dépasse l'entendement humain classique. Mais il nous dépasse aussi, dans la mesure où il n'y a pas plus de volonté dans ce désir que dans tous les autres désirs. Là encore il y a une attirance, ou une sorte de mémoire...