Enlever sa carapace, ce pour quoi on se prend, ce qui nous protège ou nous valorise, avec le risque de rester dans l'identification...
Il faut d'abord apprendre à se connaître soi même, des fonctionnements les plus évidents à ceux les plus subtils. Mieux on se connaît, plus on peut prendre de recul. C'est ce qui permet de ne plus être dans la réaction mécanique, et de découvrir une nouvelle liberté. La reconnaissance totale de sa manière de fonctionner permet l'acceptation de la réalité. On n'a pas besoin de mettre un filtre entre la réalité et nous même.
Si on est touché dans notre fragilité par exemple, on le voit sans le subir, on est d'accord avec le fait d'être petit, faible, vulnérable, on est donc d'accord avec cette vérité, qui est la notre absolument. C'est faisable, puis facile, parce qu'il y a quelqu'un qui voit ce qui se passe en nous, celui qui veille, le témoin, ce qui n'est pas affecté. Si l'émotion est trop grande, il n'y a plus personne, et on est perdu. Il faut de l'entrainement.
Lorsque l'on est complètement d'accord avec tout ce qui se passe en nous, il n'y a plus besoin de se protéger, d'une carapace, d'une image à donner. On peut être fragile sans se sentir détruit. Il faut vivre sa fragilité pour la dépasser. Tout finit par s'user avec la pratique. C'est la non reconnaissance des différents personnages qui nous composent qui est le problème. L'enseignement d'Arnaud Desjardins est si explicite à ce propos.
Ce qui nous bloque souvent, c'est la peur d'avoir peur, on évite ainsi l'expérience. mais il n'y a pas d'échappatoire possible, il faut passer par là. Bien sûr, il peut y avoir une souffrance trop grande, un "désordre" psychologique qui crée un empêchement à rester témoin du réel, auquel cas il faut faire un travail sur l'inconscient. Mais cela n'empêche pas la pratique.
"Quoi de plus difficile que le détachement quand notre coeur abrite du chaos?" dit Alexandre Jollien dans Le philosophe nu. D'abord être d'accord avec le chaos, c'est la seule pratique!
Oui, cela demande de l'audace de s'abandonner. A un moment il faut tout lâcher, devenir pauvre, nu. La liberté est à ce prix.
1 commentaire:
Merci Yannick.
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