Après avoir lu ce passage dans le livre d'Ingrid Bétancourt, relatant ses six années de captivité dans la jungle, des souvenirs remontaient à la surface. Des moments où je priais assez longtemps, et où des expériences s'étaient passées...
Je refermai le livre et me préparai à partir faire quelques courses au supermarché du village. Je me suis dit que j'allais réciter des "Je vous salue Marie" jusqu'au bout de la rue pour commencer. Bien sûr il y a un certain automatisme au début, mais ce n'est pas si simple de se concentrer sur une prière. Il est si facile de se laisser emporter par le flot des pensées. Arrivé au bout de la rue, je me dis que j'allais continuer jusqu'au bar un peu plus loin, puis finalement jusqu'au magasin.
Je marche avec une canne, et mon pas n'est pas très sûr, autant dire que je marche lentement. Ce petit périple prend environ un quart d'heure. Je me disais que je priais sans demande, juste pour calmer le mental.
Je fais les courses, pas trop à la fois pour pouvoir les porter. Arrivé à la caisse, il y a du monde partout. Je fais la queue derrière une dame qui déballe son caddie. La caissière semble bloquée avec une autre personne, je sens que ça va être long, regarde la file à côté, il y a deux personnes mais avec moins de choses, et la caissière a l'air de s'activer. Je change de file. La dame devant moi, qui venait d'arriver, et n'avait qu'une bouteille d'eau, me propose de passer. Puis le monsieur devant, qui avait tous ses articles posés sur le tapis, me propose aussi de passer en s'écartant. Je remercie, et demande en plus de soulever mon sac pour le poser. C'est déjà trop lourd pour mon bras valide. L'homme met le sac, puis sort chaque chose jusqu'à la dernière. Je remercie encore. Il garde le sac en main et me dit : "Je vais remettre les courses dedans après la caisse". Je n'avais plus qu'à laisser faire, à part payer. Une fois le sac plein, je demande comme d'habitude, qu'on me mette les sangles autour du cou. Il le fait aussi. Je cherche son regard et le remercie une dernière fois. Les gens à côté observent la scène. Je prend ma canne et me dirige vers la sortie. C'est la première fois que des personnes me laissent passer devant elles. Pour moi c'est un signe d'humanité. Parfois je demande de l'aide, mais pas pour gagner du temps devant une caisse. Je fais le lien avec les prières, même s'il n'y en a pas forcément,, c'est une coïncidence comme dit Ingrid.
On peut ressentir la vierge Marie comme une présence, un soutien, de même des photos de sages sur un mur peuvent être un rappel, une aide. Le but ne peut être un échange, un chantage. Prier est avant tout une attitude intérieure, le but ne peut être que favoriser l'être, pas l'avoir. Qu'il se passe quelque chose en retour est un clin d'oeil. Espérer ou se plaindre sont autant de moyens d'une certaine démission.
2 commentaires:
Je partage profondément ce que vous dites Yannick ! Merci !
Je pars demain en Italie : Rome et Assise ! je vous glisse dans mon sac...
J'adore Rome et connais bien Assise! Bon voyage.
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