NOEL

Je me souviens d'un Noêl à l'Arche auprès de Lanza del Vasto.

Il faisait froid, il avait neigé, il y avait les bougies...

Le matin de Noêl, Lanza merveilleusement inspiré, nous avait expliqué le sens de la nativité.

Entre ce dont je me souviens, et ce que je pressens :

C'est au plus profond de l'hiver, quand la nature est au repos, mais au moment où l'énergie va revenir de manière invisible. C'est une naissance que l'on ne voit pas, car elle est souterraine.

C'est au milieu de la nuit, quand tout est calme.

Dans cette obscurité, des bougies se sont allumées, une étoile va guider les hommes.

Le petit Jésus est né, le grand Je suis apparaît dans la nuit des hommes, si discret, si fragile.

Les hommes qui s'agitent dehors ne l'ont pas accueilli.

Il est né dans la paille parmi l'âne et le boeuf, un SDF des temps anciens.

Quoi de plus humble que la terre où l'on s'agenouille, où même les animaux se baissent pour le réchauffer.

Alors qu'une étoile brille au dessus d'eux.

C'est tout le paradoxe de cette naissance symbolique.

Au milieu de la nuit, au milieu de l'hiver, à l'insu de tous, le fils de Dieu naît.

Dieu, Deus en latin, qui a donné diurne, signifie le jour et donc la lumière.

Ce qui va vers les étoiles, vers la lumière, vers le ciel, naît dans l'obscurité, dans le caché, dans l'humilité.

Seuls les gens simples étaient là, les bergers, qui vivent à l'écart dans la nature à veiller sur leurs moutons.

Il y a le Jésus historique, et le Jésus symbolique.

Joseph signifie Je suis. Marie, c'est Ma, la mère originelle, la terre qui nous porte.

C'est l'énergie du grand Mystère qui s'incarne. C'est la graine qu'il y a en chacun de nous.

A nous de la faire croître lorsque l'on a entendu l'appel.

Joyeux Noêl.