Membres

dimanche 6 février 2011

Beauté et séduction

L'autre jour, un journaliste (homme) disait à une femme qu'elle était belle. Je soupçonne une forme de machisme, de prise de pouvoir, de possessivité, de séduction, et tout ce que l'on peut imaginer, derrière cette simple phrase prononcée en public. Je suis persuadé que c'est exprimer un désir caché de vouloir se la faire (excusez le language, mais ça dit bien ce que ça veut dire).
Dire cette prase dans l'intimité est une chose, la dire dans un autre cadre peut être irrespectueux. C'est un désir de possession de cette beauté qui ne nous appartient pas et ne nous appartiendra jamais. On a le droit d'être touché par la beauté, y compris celle d'un être humain. Le dire, c'est vouloir séduire, en tout cas la plupart du temps. Séduire est une manière de déstabiliser l'autre, et donc de vouloir le posséder.
Imaginez que la femme réponde : "Vous me trouvez belle, qu'est-ce que cela vous fait?" On imagine que le trouble pourrait s'emparer de l'homme, ce qui se verrait sans doute, qu'il reconnaîtrait et sa tentative de pouvoir tomberait à l'eau, ou qu'il nierait. Et dans notre code culturel la femme pourrait sembler provocante du coup. Dans les faits c'est plutôt l'homme qui est provocant.

Est-ce un avantage d'être beau? Pour trouver du travail, avoir de l'avancement, gagner un concours de beauté, être modèle, ça sert évidemment. C'est forcément plus facile à vivre que de se trouver moche. Mais en vieillissant ce sera peut être plus difficile à accepter quand cette beauté extérieure s'en ira avec les rides.
Je comprends que ceux qui ont du mal à apprécier leur tête soient un tantinet envieux de la beauté des autres.
Pourtant cette beauté ne nous appartient pas. Si elle est conforme au modèle culturel ambiant, nous n'y sommes pour rien du tout. Nous ne sommes pas responsables de notre visage. Le fait de se l'approprier de plus en plus est un risque. Au royaume de la spiritualité, la beauté extérieure doit être une sacrée dépendance.
Et comme les hommes sont des hommes, une femme belle risque d'être souvent convoitée, et vice versa.

Quand à regarder une belle femme sans être touché, cela semble difficile. Par contre c'est facile d'être emporté et de ne plus se rendre compte de cet emballement.
Ainsi on range les femmes d'un côté, les hommes de l'autre, où on ne les élève pas ensemble, ou on les cache, selon la tradition...

Apprendre à voir ce qui se passe avant que les mots sortent, est un travail de longue haleine, surtout entre un homme et une femme.
A l'époque du tout excitation, chercher la tranquillité peut sembler un défi impossible.

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour Yannick,
Ta réflexion qui m'intéresse, car sans m'y arrêter jusque là, je suis très souvent frappée par des scènes, à la télévision bien souvent (mais pas seulement), en tout cas en public, où un homme, mais parfois une femme, affirme ainsi la beauté de son interlocuteur/trice. C'est plus rarement le cas de l'intelligence, mais ça arrive.
Je ressens toujours ça, en effet, comme une forme d'agression, en me demandant bien ce que celui ou celle qui reçoit l'affirmation peut en penser ou ressentir.
Bien souvent aussi, je suis frappée par le fait que ces affirmations, publiques, soient énoncées comme des faits, des vérités, et que l'aspect subjectif soit totalement occulté.
Alors, affirmer que quelqu'un est beau ou intelligent en public, de cette façon, me semble en effet un acte intrusif et dominant, mais aussi une façon de nier les autres et la sensibilité des autres, leur présence même.

Acouphene a dit…

C'est pas très beau tout ça !
Moi, Yannick, je le trouve beau et Nathalie belle mais surtout je ne l'écrirai pas en public... Je le garde pour moi ! En plus, c'est normal, ils suivent une école qui, je le pense, rend leur beauté aux êtres.

Mabes a dit…

Analyse qui m'apparaît d'une extrême justesse : c'est vraiment très peu souvent ainsi exprimé... surtout par un homme ;-)
Très belle année du Lapin, Yannick !

yannick a dit…

Merci à vous.

Anonyme a dit…

J'ai toujours senti que tu étais un homme de goût, Acou... !