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mercredi 26 juillet 2017

De la conscience et du corps

Le matin, au réveil, mon corps me laisse en général suffisamment tranquille pour que je ne le sente pas. Il est détendu, il n'est pas un poids, il n'y a pas de sensations désagréables. Reste la conscience d'être vivant, l'observation de ce qui se passe.
Un bruit se fait dans le ventre avec une sensation particulière. Je ressens parfaitement qu'il vient de se passer quelque chose complètement indépendant de ma volonté, comme étranger à moi même, je veux dire au moi  qui se prend pour le corps, identifié. Je continue de sentir le ventre, la respiration, une sorte de machine en fait, mais indépendante de la conscience que j'en ai. J'imagine le cerveau sous la boite crânienne, avec ses milliards de neurones, qui fonctionnent sans que j'y puisse grand chose. Où est la conscience là-dedans? Je n'en sais rien. Et le sait-on? Qu'est-ce que la conscience? Je n'en sais rien. Avoir conscience du monde dit extérieur, de soi-même en tant qu'être vivant, de son corps, des pensées, oui bien sûr, mais être conscient tout court, ressentir la vie sans séparation, voir que tout apparaît et s'en va, tranquillement... Tranquillement parce que rien ne s'y oppose. Juste se sentir être...

Puis l'infirmier arrive, pour un brin de toilette, m'aider à l'habillage. Redevenir vertical est une sensation particulière que je déguste chaque matin, une certaine lourdeur revient, les premiers pas sont hésitants, maladroits, je dois faire attention à l'équilibre à tout moment. De même le corps s'impose à moi très souvent pendant la journée. Prendre de la distance est plus difficile. Pourtant, là, assis, tout de suite, je ne le sens quasiment pas...
L'identification au corps est un sacré truc, vraiment! Et pour moi c'est un sacré exercice... Il faut déjà un certain calme extérieur, un contexte aidant, pour accéder plus aisément à l'intérieurité. Un lieu de retraite en quelque sorte. 
Où est le corps qui répondait à la demande sans que j'y pense? Il faudra faire sans.
Ok, c'est comme çà.
Il y a tellement de gens qui ont la tête pleine de lourdeurs perpétuelles...
Bonne journée légère!

5 commentaires:

christiane a dit…

Infirmière depuis longtemps... , j'aime les mots de ceux qui "vivent" , ce que nous essayons d'alléger . Ces mots , me font penser au"scaphandre et le papillon " , et devraient être proposés aux étudiants infirmiers , et aux étudiants en médecine !! Pour essayer de leur" ouvrir la conscience "!
Merci Yannick de ce témoignage , qui , tu le comprends , me touche ...!

philippe a dit…

Avec toi Yannick.C'est vraiment fort de ta part de ce que tu expérimente et essaye de plus en plus de vivre en conscience d'instant en instant avec ce qui t'entoure.Oui,ton "véhicule" est cabossée mais il se répare.

Jean-Marc a dit…

Et comme dit mon ami Aubin Sahallor :
"Mieux vaut boiter sur le bon chemin, que de courir sur la mauvaise route...."
Belle journée

yannick a dit…

Merci Christiane, je ne connais pas "le scaphandre et le papillon", je vais chercher sur le net.
Oui Philippe, c'est bien du véhicule qu'il s'agit, tu connais!
Sacré Jean Marc, tu me fais toujours rire avec tes bons mots!

christiane a dit…

C'est l'histoire de Jean-Dominique Bauby , et de son "enfermement " , jusqu'à ce que l'on se rende compte qu'il pouvait communiquer avec ses paupières (plus rien d'autre ne bougeait ) une histoire extraordinaire ! Il existait même un film reportage sur son séjour à Berck !
J'avais l'enregistrement sur cassette vidéo ..., mais je ne l'ai plus !Il doit exister sur un autre support !
Merci à toi pour tes témoignages !