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lundi 19 février 2018

Ma vie suspendue (Les héros sont-ils prisonniers?)

C'est en lisant cet article que m'est venu l'idée de ce post. Il s'agit d'un interview de Jean Michel Asselin, alpiniste, journaliste de montagne, écrivain, et ami de Patrick Edlinger, coauteur avec ce dernier de "Ma vie suspendue"(voir texte en rouge).

Patrick fut découvert par le grand public suite au film de Jean Paul Janssen : "La vie au bout des doigts" en 1982. Il devint un héros et une référence dans le milieu naissant de l'escalade, de la grimpe. Il se baladait sur les rochers à la verticale tel une araignée, se jouant de tous les obstacles avec l'agilité d'un singe, en solo et sans corde, se jouant de la peur et de la mort (il fit quand même une chute d'une quinzaine de mètres, et s'en sortit miraculeusement). Des calanques de Marseille, au dessus de l'eau, aux gorges du Verdon, au dessus du vide, il vécut sa passion à fond. Vivant dans son fourgon, un peu ascète sur les bords, il prônait la nature simple et la liberté. Il s'entraînait pour son seul plaisir, course, musculation, étirement, yoga... ce qui lui donnait ce corps superbement musclé, avec sa tête d'ange blond coiffée d'un bandeau.  Il m'a fait rêver, comme tant d'autres!

Lui, l'homme des rochers à moitié nu, le sauvage rebelle, fût bientôt rattrapé par les feux de la rampe, la célébrité, la publicité et les sponsors, l'argent, le succès auprès des belles femmes, les compétitions... Un monde qui brûle les ailes d'un papillon, fût-il aussi céleste. 
Ce livre raconte son parcours, mais aussi ses fragilités, comment il va sombrer dans l'alcool, les médicament, la dépression. Remonter à la surface, après avoir côtoyé tant de parois verticales, fut son plus grand et dernier défi. Peu avant de terminer le livre, écrit à quatre mains, il se tue en 2012 (j'en avais parlé) en tombant dans l'escalier chez lui (un comble)! Il avait 52 ans. Cette autobiographie devient du coup une sorte de testament à ses admirateurs et adeptes de la grimpe, dont il fût l'initiateur.

A quoi attribuez-vous ce moral déclinant ?

«C’est le basculement des gens de l’extrême lorsqu’ils reviennent sur terre et qu’ils se rendent compte de leur vieillissement. Ils ont vécu des choses tellement pleines, des émotions si pures que l’angoisse de ne plus les revivre est forte. Patrick se mettait toujours en compétition à 52 ans avec les autres, notamment les jeunes. Mais même en s’entretenant, il savait qu’on ne peut pas être et avoir été. C’est propre au haut niveau, qu’il soit sportif ou artistique. C’est un peu le sens de sa mort».

Pourquoi vieillir semble si difficile?
On dit que philosopher c'est apprendre à mourir!
A suivre

1 commentaire:

Acouphene a dit…

Merci Yannick !