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lundi 16 septembre 2019

L'Aiguille du midi


Chamonix est connu pour ses célèbres aiguilles, c'est à dire des pointes rocheuses acérées, qui font le bonheur des alpinistes. L'Aiguille du midi est l'une d'entre elles, qui a la particularité d'offrir plusieurs points de vue remarquables sur le massif du Mont Blanc, la Vallée blanche, d'autres aiguilles, les Grandes Jorasses, la vallée de Chamonix... Ce lieu fut aménagé au fil des années et comporte diverses parties, dont plusieurs terrasses, des espaces d'expositions, un restaurant, un café, une station météo, et des points de départ pour accéder à la vallée blanche ou la survoler dans des oeufs, sans parler du fameux "pas dans le vide".

La vallée blanche

Je me dirigeai vers une première terrasse. On est vraiment dans un autre univers, la vue sur ces massifs enneigés, la très haute montagne, la température qui a chuté franchement, le vent, le soleil, les nuages qui défilent, la luminosité... Et en même temps les gens qui n'arrêtent pas de faire des selfies, à croire que c'est une maladie. Il y a un contraste affligeant entre cette nature extrême et l'invasion touristique provoquée par la facilité d'accès grâce à la technologie moderne. On se croirait à Montmartre, à la Tour Eiffel ou au Mont Saint Michel, sauf que l'on est à près de 4 000 m d'altitude dans un lieu inhospitalier. 
Il y a donc les "selfistes", qui regardent à peine, sinon leur appareil avec les doigts en V (autre maladie), les "à peine couverts", qui n'ont pas du lire qu'on était en altitude avec des températures dépassant juste zéro, les "je parle tout le temps" pour que tout le monde en profite et qu'on sache que j'existe, les spécialistes de la montagne qui étalent leur culture en énumérant les sommets, les "porteurs de jumelles" qui vous repèrent les alpinistes que l'oeil nu ne voit quasiment plus, fourmis perdus dans l'immensité neigeuse, les familles, les enfants, les amoureux, les couples qui parlent sans s'écouter...

Le Mont Blanc à droite du nuage

Après avoir bien observé les pointes et sommets les plus reconnaissables, je me trouve un endroit pour m'asseoir au soleil, dégustant ce fait unique d'être près du ciel, dans un univers rude et pourtant côtoyé. Je vais rester toute la matinée, allant de terrasse en terrasse, regardant les expositions, un film, buvant un chocolat, me gavant d'espaces vierges et immaculés. Je décide de prendre les oeufs pour traverser la vallée blanche qui rejoint la frontière italienne, malheureusement c'est arrêté à cause du vent qui souffle jusqu'à 70 km/h. Regardant un film magnifique sur les massifs alentour, une jeune fille assise à côté de moi ne décolle pas de son portable. Comme c'est triste!
En redescendant, je fais une halte au plan de l'aiguille pour pique niquer. Le sentier est trop scabreux à mon goût pour que je m'éloigne des gens éparpillés ici et là comme un tableau pointilliste. Je finis par redescendre plus vite que prévu, vaincu par le bruit de moteur du téléphérique.

Les Grandes Jorasses au fond

Alpinistes cheminant parmi des crevasses