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vendredi 13 mai 2022

L'avenir de la terre en question

 Que signifie le mot économie? En grec le mot oikonomia est composé de oikos : la maison, et némô : administrer, gérer. Le sens est de gérer la maison, on pourrait dire faire au mieux. Initialement on est plus proches d'une forme de restriction, d'où la notion de faire des économies, d'être économe. Aujourd'hui l'économie est liée à la production de matières premières ou de produits finis, et au final au gaspillage. On produit, on surproduit, on jette, on ne répare plus, ou si peu, on ne consomme même pas tout ce que l'on achète... Comme si les richesses de la terre étaient inépuisables. C'est insensé. Tout nous pousse à consommer, surtout ne pas arrêter la machine du productivisme. C'est maladif, courir après l'avoir en permanence sans jamais être satisfait, et faire croire que plus on a, plus on sera heureux. 


Prenons l'eau par exemple : il faut entre 7 000 et 10 000 litres pour fabriquer un jean, soit 285 douches. Une personne qui a 10 jeans dans son placard, cela fait l'équivalent de 8 années de douches! Cela m'arrive de compter autour de moi les gens en jean, c'est hallucinant! Ajoutez les autres vêtements, ceux qui ne sont pas portés... La consommation de la viande utilise aussi beaucoup d'eau. Il y a les golfs, les piscines, la neige artificielle, et tant d'autres choses. Pourtant on manque de plus en plus d'eau.
Et tout est à l'avenant, pensez aux ordinateurs, aux téléphones portables, aux batteries si indispensables aujourd'hui, aux voitures, à tous les produits plastiques, ne serait-ce que l'emballage, aux matériaux de construction, au béton hyper consommateur de sable, etc, etc...


Je lisais il y a quelques jour un article à propos des métaux rares dans la très bonne revue écologique Reporterre, Avec la guerre en Ukraine, on apprend que l'Europe dépend de la Russie pour le gaz et le pétrole, dans des proportions différentes selon les pays, puis c'est le bois, le blé, l'huile de tournesol, des pièces automobiles, et les prix d'augmenter. Pour les métaux rares, il s'agit du nickel, du cobalt, du lithium, nécessaires aux véhicules électriques, aux éoliennes, aux panneaux solaires, et dont la Russie et le Dombass détiennent d'importantes réserves. Il y a aussi le palladium, le platine (utilisés dans les catalyseurs, les batteries), l'aluminium, avec des prix qui flambent. En même temps la demande devrait exploser dans les années qui viennent. Vous voyez le problème?
Dépendance à la Russie, à la Chine, qui forcément fragilise les pays européens. Il faut donc songer à relocaliser, sauf que l'on n'a pas tout dans son propre pays, en fonction de la demande. Un autre problème est l'aspect écologique : comment peut-on refuser de créer une pollution locale, sous prétexte qu'il n'y avait rien avant, et s'accommoder de pollutions dans d'autres pays dues à notre consommation. Par exemple l'uranium qui sert aux centrales nucléaires soi-disant si propres, et toutes les mines à ciel ouvert qui polluent l'eau alentour, et rendent malades les gens.

Entre 54 et 113 millions de téléphones dorment dans nos tiroirs.

C'est quoi cette économie qui épuise les ressources de la terre, qui crée des dépendances invraisemblables, qui rend malades ou tuent les gens, qui profite à si peu? Faut-il faire des études spécialisées, des grandes écoles, pour en arriver là? Lorsque l'on écoute un débat entre économistes, ils ne sont même pas d'accord. Pourquoi ne pas reconnaître ses erreurs, objectiver toutes les données et choisir d'un commun accord? Reconnaître surtout qu'on a depuis longtemps dépassé les limites, et qu'il s'agit de se conduire de manière responsable, en adultes.
C'est toujours un problème d'ego, sauf que l'on ne gère plus une maison, mais un pays, une communauté mondiale. C'est toujours quand les problèmes arrivent que l'on réfléchit, trop tard en général, et le mal est fait. Plus l'échelle est grande, plus les dommages sont conséquents. Manifestement l'homme conquérant a une intelligence limitée, dont font partie les hommes de pouvoir. Je me demande même s'il ne prend pas un certain plaisir à détruire, pour s'affirmer.

     
Alors la vie s'amuse à jeter quelques grains de sable, histoire d'enrayer les démarches un peu rigides, histoire de montrer aux hommes dirigeants qu'ils ne contrôlent pas tout. On pourrait dire que plus le monde est compliqué, interdépendant, plus il est fragile, et plus l'inattendu est envisageable. Pourquoi les politiques n'en parlent pas? Ils sont trop limités. On fait croire qu'il y a encore de la marge, qu'il faut continuer à consommer, propre de préférence, et que la technologie va régler les problèmes. Il n'y a pas de solution au niveau matériel, la dégradation est immense et ses conséquences désastreuses. On a largement dépassé le point de non retour, on ne peut pas arrêter un mouvement lancé depuis deux siècles environ et d'une telle ampleur, c'est mathématiquement impossible. Cela nous dépasse. 
La meilleure énergie est celle qu'on ne consomme pas. Peut être que les évènements actuels vont freiner la croissance, vont faire réfléchir... On verra. Bien sûr au niveau individuel on peut cultiver son jardin, être sobre dans sa consommation et tendre vers le végétarisme, recycler ou réparer. 


Au niveau spirituel, le seul sur lequel nous pouvons vraiment agir, il s'agit de ne pas s'emballer ou stresser, ne pas entretenir des pensées négatives ou malveillantes, revenir le plus souvent possible à ce qui voit en nous plutôt que s'identifier à ce qui nous traverse. Il s'agit aussi d'apprendre à accepter la mort, la mort des idées, des espoirs, des croyances, la mort de la jeunesse, des "belles années", du passé. Tout s'en va, rien ne dure, y compris l'environnement, tout change tout le temps, à fortiori dans le monde moderne où tout s'est accéléré. Nous vivons sans doute un moment particulier de l'histoire de la terre et de l'humanité. Soyons ouvert au changement en cours, quelle qu'en soit l'issue.

5 commentaires:

Francine C. a dit…

Merci beaucoup pour votre témoignage auquel j'adhère totalement ! Oui cultivons surtout tous les ''B''.. le Bon, le Bien, le Beau, la Bienveillance.. Et revenons ainsi, autant que faire se peut, à Celà qui voit...

yannick a dit…

Bonjour Francine.

Francine C. a dit…

Bon jour Yannick.

philippe a dit…

Merci Yannick de ton analyse et ressenti sur un sujet délicat.
Comme le disait Arnaud nous vivons dans un moment de "crises".

Comme disait Swami Prajnanpad;tout ce qui vient,s'en va.

Essayons ensemble de contribuer à la guérison de ce monde.

Dominique a dit…

Oui, restons ouverts. J'ai bien aimé la dernière illustration.