Bientôt Noël.
Les magasins ont déjà rempli leurs étalages de décorations, de cadeaux en tous genres, de jouets pour les enfants, de nourriture à faire saliver les gourmands. La magie de Noël!
Le mot même a une connotation particulière à l'oreille tant il est chargé de sens.
Noël, juste le mot, n'a pas d'autre signification pour la plupart des gens que ce que l'on peut projeter dessus.
Ce qui est typique de la langue française.
En fait le mot vient du latin
natalis qui a donné
nael en ancien français, puis
noël. Le sens est relié à la naissance. En italien on dit
Natale, et
Nadal en occitan. Donc on a conservé la racine du mot, et en le disant on sent la référence à cette naissance particulière de Jésus.
Pour la langue française, ce n'est pas évident de sentir le lien entre Noël et naissance, ou natal, même si on parle aussi de la nativité. J'imagine que petit à petit, le sens profond se perd avec la prédominance d'une réalité festive.
Si on prend le mot anglais
Christmas, qui vient de
Christ's mass,
on retrouve le mot Christ qui est une référence directe, ainsi que
mass qui signifie messe. Le mot
messe vient de ce qui concluait cet office religieux quand en latin on prononçait "
Ite missa est", ce qui veut dire "allez, c'est envoyé".
Quand j'étais gosse et que j'entendais ce mot, c'était plutôt un soulagement...
Missa vient du latin mittere qui veut dire : envoyer, lancer. Mais cela a aussi un autre sens qui est plus intéressant :
laisser aller, laisser partir. Sens que l'on retrouve dans le mot : permission, "père - mission".
Avoir la permission de, c'est agir avec une liberté intérieure.
Bien sur
mittere,
missus, a donné mission, missionnaire, missel... Les missionnaires qui sont des colons déguisés, et lorsque l'église catholique, mais aussi les autres religions, se donne pour mission de répandre la parole de Dieu, qu'est-ce que cela veut dire au juste?
Messe ou
mas, nous renvoie aussi au mot hébreu
Messiah qui a donné
Messie, nom donné à Jésus. Ce mot signifie : oint, c'est à dire celui qui a reçu l'onction de l'huile (sacrée). C'est un très ancien rite qui vient de l'Inde et du Tibet, où l'on voit encore aujourd'hui cette offrande faite aux déités avec du beurre ou du lait.
Cette huile est aussi appelée "chrism", appelée aussi myrrhe... (Notons au passage que chrism a donné crème). La myrrhe était l'équivalent de l'or dans l'antiquité. Or il est dit dans la Bible que cette myrrhe a été apportée à Jésus par les rois mages. Huile, parfum, que l'on retrouve plusieurs fois dans certains passages des évangiles. Qu'est-ce à dire?
Il est clair qu'il y a un lien entre tous ces mots : Christ, messie, messe, et donc myrrhe.
Si le rite est antique et a la dimension d'un geste sacré, il ne peut être fait que par quelqu'un qui en a la permission, qui est autorisé. Il transmet certainement quelque chose. L'huile, l'encens, sont aussi des moyens d'adoucir, de délier... Est-ce un symbole physique d'un vécu intérieur? Auquel cas la traduction de
"laisser aller, laisser partir" prend tout son sens, et ressemble d'autant plus au fameux
"lâcher prise". Une douceur intérieure qui émet des ondes alentour comme le regard du sage qui apaise...
Dans le déroulement de la messe, la communion, symbole de la communion intérieure, devient alors ce lâcher prise qui vient clôturer cette cérémonie, ce qui semble tout à fait logique.
"Allez, c'est envoyé" peut aussi signifier que les prières sont envoyées, dans le monde du visible et de l'invisible.
Je crois bien que c'est d'une réalité intérieure dont il s'agit, et que cette énergie naissante n'a pas besoin de missionnaire. Elle attire plutôt qu'elle cherche quoique ce soit. C'est une mission intérieure qui se transmet d'elle même par le vécu de celui qui vit l'onction.
Pour revenir à Noël, on voit dès lors que le sens est d'une richesse infinie.