C'est l'heure du repas et je mange au soleil dans la véranda.
Soudain une détonation, alors que la radio parlait de terrorisme, et un bruit de clochettes (le carillon près de la porte). Je me tourne vers la porte, me demandant ce qui se passe. Je me lève et vais voir. Rien! Dans le même temps j'imagine un voisin ou un gosse ayant lancé un pétard vers la maison pour faire un bruit pareil. Je vérifie la gazinière, mais elle est éteinte.
Finalement en regardant par la vitre, je vois un gros merle noir par terre sur le dos. Je réalise alors qu'il a foncé vers une vitre, pensant traverser, et qu'il s'est assommé. Son oeil est vivant, son coeur bat, mais je doute qu'il s'en sorte. Je me rassieds, rassuré de la compréhension de ce bruit comme une détonation. Puis quelque chose me fait me relever. Je me dis que peut être je peux le sauver. J'ouvre la porte. Son coeur bat déjà moins, ses pattes se recroquevillent, son regard s'absente. Je le prends dans une main. Sa tête reste en arrière. Son corps est tout chaud, mais c'est fini. Ce merle vient de se tuer en fonçant tête baissée, bec en avant plutôt, vers un vitrage. Ce n'est pas le premier, ni le dernier. Je me sens tellement proche de lui que je côtoie la mort aussi. Je suis troublé. En un instant la mort peut frapper. Il suffit d'un instant pour que le vie cesse. J'ai vu son regard, incompréhensif, s'éteindre. J'ai vu les dernières crispations nerveuses. Et j'ai senti cette chaleur frêle qui va s'en aller aussi.
Ce n'est pas grand chose un oiseau, mais c'est autant la vie que tout autre être vivant.
Ah tous ces films qui ne se lassent pas de tuer par dizaines des personnes comme si c'étaient juste des pantins. Mais peut-on décrire seulement la mort d'un oiseau comme je viens de la vivre?
Le carillon près de la porte porte ce mot : Bienvenue! Au paradis des oiseaux... pour ce merle.
Très curieusement je suis en train de relire le livre de Marie de Hennezel : Mourir les yeux ouverts, à propos de la mort d'Yvan Amar.
1 commentaire:
Il y a des autocollants ayant la silhouette de rapaces qui, grâce à la peur provoquée sur les oiseaux, leur évite ces mésaventures fatales.
Ah ! chaque invention humaine peut créer un déséquilibre dans le chaos organisé de l'univers de notre vie.
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