Après avoir passé 2 mois à Shantivanam, Thérése me propose de partir avec elle puisqu'elle retourne sur Arunachala. Je voulais passer par Pondichéry avant d'aller voir la "montagne " où vécut Ramana Maharshi.
Le fait de voyager avec quelqu'un qui consacre sa vie à Dieu est une chance. Je pouvais découvrir dans l'inattendu de la vie son abandon, sa vigilance, dans des détails qui peuvent paraître insignifiants, dans ce qui m'aurait fait réagir en tout cas. Et puis il se passe ces fameux hasards, comme des petits miracles, comme si la vie donnait à ceux qui ne réclament plus...
Etant ermite depuis des années, ses lieux de prédilection sont les temples, les lieux chargés d'histoire spirituelle.
Ainsi elle voulait aller méditer dans un temple élevé en souvenir d'un maître. Conduit par un garçon, à travers lits desséchés et rigoles dans les champs, nous allions vers la maison de Ramalingam. Ce sage exhortait ses disciples à mettre en pratique. Un jour il leur dit : "Si vous ne faites pas plus d'efforts, je vous quitterais!" Phrase à priori terrible. Quelque temps après il leur demanda de le laisser dans sa chambre sans y pénétrer. Au bout de 3 jours, les dévots, inquiets, frappérent à la porte. Pas de réponse. Ils firent ouvrir la porte. Le maître avait disparu "corps et âme". Tout volets fermés! Cela fait partie des mystères de l'Inde que l'on peut découvrir dans le livre de Yogananda "Autobiographie d'un yogi".
On est invité par un sadhu qui vivait là, après avoir passé un temps sur Arunachala. Riz brisé dans de l'eau, simple mais bon.
Puis on va vers une source qui guérit tous les maux, d'après la tradition. Je m'y trempe nu.
On revient pour le repas, dans une hutte d'il y a deux mille ans. C'est pauvre mais confortable : une natte par terre, le feu alimenté par la bouse de vache mélangée à de la paille comme des galettes, la fumée qui s'échappe par un trou dans le toit.
Et surtout ces deux rayons de soleil symboliques. L'un très fort, vient toucher une pierre; l'autre très mince, vient frapper une ficelle en l'air. Tout le reste est dans la pénombre. Les rayons, c'est la relation avec Dieu : Plus l'on devient fort ou stable, comme la pierre, plus le rayon est clair, visible; lorsque l'on est encore balancé par le vent, comme la ficelle, le rayon est moins évident.
Thérése est la pierre, et moi la ficelle.
4 commentaires:
Sacrée rencontre ; le rayonnement qui sort de tes mots témoigne de la qualité de cette aventure. Merci.
yannick ( la ficelle )peut nous aider comme le fil d'Ariane a trouver son chemin.....
Oui Soizic, c'était en 81...
Toujours du plaisir à te lire.
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