Le mot anarchie vient du grec anarkia composé de an : absence de, privé de, sans, et arkhê : commencement, commandement, principe, pouvoir.
Le sens serait donc : sans commandement, sans principe premier, et a souvent été compris comme un refus de tout principe, voir du pouvoir en place, et par la suite désordre.
Ce mot, s'il existait dans la Grèce ancienne (Homère, Hérodote), n'apparut vraiment en France qu'avec Diderot puis pendant la révolution où il avait une consonnance négative car menaçante pour le pouvoir en place.
C'est Proudhon, en 1840, qui va lui donner un sens positif dans son livre "Qu'est-ce que la propriété?" et se déclare anarchiste. L'anarchie serait pour lui "une forme de gouvernement sans maître ni souverain". C'est à rapprocher de l'esprit libertaire, mot inventé par Joseph Déjacque en 1857 par opposition au mot libéral.
Des peuples traditionnels ont vécu avec ce sens de la liberté, du partage, de l'autonomie, sans pouvoir établi, sans chef. Ce sont les Inuits, les pygmées, entre autres.
Cette philosophie se retrouve dans le Taoisme et le Boudhisme, avec l'idée de la non interférence avec les lois de la nature, ainsi que la notion de liberté dans un accomplissement personnel.
Il y a aussi un anarchisme chrétien qui se base sur un esprit communautaire, l'amour d'autrui, tel qu'il est enseigné par le Christ. Cela semblait exister avec les premiers Chrétiens, les Esséniens. On retrouve cela dans l'esprit de certaines communautés religieuses.
C'est ainsi que Tolstoï se reconnaissait dans cet esprit. Il dénonçait le pouvoir qui exploite, l'hypocrisie de l'Eglise, et prônait une vie basée sur la non violence et une autonomie économique, soit une vie à la campagne.
Toutes ces idées qui se développèrent au 19 ème siècle étaient aussi en réaction avec la société industrielle naissante et le capitalisme. Cela donna les idées révolutionnaires marxistes (en faisant simple), et l'idéal communautaire avec une éthique humaniste.
Les précurseurs ont aussi existé aux Etats Unis avec Henry David Thoreau, Ralph Waldo Emerson et Walt Whitman.
Tolstoï a inspiré largement Gandhi, qui lui même inspira Lanza del Vasto.
La non violence appliquée est la désobéissance civile, la non participation à la prolifération du système en place.
La deuxième moitié du vingtième siècle vit des penseurs développer ces idées comme Yvan Illich (dont j'ai déjà parlé), Jacques Ellul, Théodore Monod... qui rejoignent les principes de ce que l'on va nommer l'écologie politique.
On voit donc une toute autre définition au sens de ce mot dérangeant : anarchie.
C'est vraiment le refus d'une autorité extérieure destructrice, quelle que soit le "isme" derrière lequel elle se cache, par la mise en place d'une autorité intérieure qui incite au respect et au partage. C'est une histoire de conscience, de développement de conscience.
On retrouve ces mêmes notions avec les objecteurs de conscience.
Et pour revenir à l'actualité, lorsqu' Eric Cantona proposait ces jours-ci de retirer son argent des banques pour ne pas favoriser ou tenter de désorganiser un système tout entier basé sur les profits financiers, il s'inscrit dans ce mouvement anarchiste que l'on peut dire non violent.
De plus en plus de communautés, de coopératives, se mettent en place pour vivre ce mouvement vers plus d'autonomie. Encore un sujet à venir...
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