Membres

mardi 28 décembre 2010

Malchance


Qui dit chance, dit malchance. Parfois ça arrive une fois, parfois c'est une succession. Peut être que l'on attire l'une ou l'autre. Toujours est-il que c'est une réalité. En voici un exemple.

En octobre j'avais écrit pour être invité à une journée à La Rochelle organisé par la société Vélux à propos d'une course autour du monde : la Vélux 5 Océans. Cette course en bateau se fait en solitaire mais par étapes (5). Elle se fait sur des anciens bateaux qui ont au moins 10 ans, moins sophistiqués que ceux d'aujourd'hui.
Outre la sortie sur un ancien bateau qui avait fait le tour du monde, nous avions rencontré l'un des skippers Christophe Bullens, qui expliquait la course et répondait à nos questions. Etant belge, c'était le seul à parler français, sans doute la raison du choix des organisateurs.

Nous étions à une semaine du départ, et en convoyant son bateau de Belgique à La Rochelle, il avait démâté au large de Cherbourg, alors qu'il n'y avait pas trop de vent et que le grément était neuf. Il faut savoir que ce genre de course se prépare 1 à 2 ans à l'avance : trouver un sponsor, puis un bateau, puis le remettre à neuf, le préparer, puis naviguer, etc...
C'était donc un désastre car il n'y était pour rien, mais il était impossible de refaire un mât, avec les voiles déchirées, en si peu de temps. Il cherchait donc un autre bateau, qui soit capable de partir assez vite. Ce qui ne courre pas les rues! Le sponsor suivait, ce qui est déjà une chance.

Il récupère un nouveau bateau quelques jours avant le départ, mais il y a du travail à faire dessus, et il doit faire la qualification obligatoire avant la course.
Il part avec les autres bateaux, et revient au bout de deux jours à La Rochelle, ce qui est sa qualification, puis finit les travaux. Il repart une semaine après tout le monde.

Au large de l'Espagne, sa grand voile se déchire et il doit faire escale aux Canaries pour réparer.
Ensuite, malade, il doit s'arrêter au Cap Vert pour se faire soigner. Il repart, et cette fois un élément de la voile d'avant se casse et le blesse au poignet. Puis il a une voie d'eau importante qui l'oblige à pomper régulièrement. Puis il tape dans une baleine...
Il plaisante : "Quelqu'un a du me jeter un sort ou alors au bateau!"

Il arrive au Cap une vingtaine de jours après le premier, et la seconde étape doit repartir presque aussitôt. Heureusement une tempête décale le départ de quelques jours ce qui lui donne un peu plus de temps pour réparer et se reposer.

Nouveau départ pour la Nouvelle Zélande cette fois. Le deuxième jour il fait demi tour à cause de problèmes aux safrans (gouvernail). Il est aidé pour réparer et reprend la mer avec quelques jours de retard. Ce sont alors des problèmes de pilote automatique qui lui font faire à nouveau demi tour!
A ce jour il n'est pas encore reparti, alors que les premiers ont déjà couvert un tiers de l'étape.
Il ne fait plus une course, il suit à distance.

Son bateau se nomme An Ocean of Smiles. il défend une association d'enfants victimes du Sida.
Il dit qu'il n'a pas le droit d'arrêter car lui il a choisi de courir.

Je lui avais demandé quel était son point fort par rapport à ses concurrents, il avait répondu : le calme. Tout le monde est effectivement étonné de sa ténacité et de son calme malgré les épreuves.
J'ai rarement vu autant de malchance se succéder. Je vais regarder son thème...

5 commentaires:

Anonyme a dit…

waouhhh !
sûrement que son engagement est bien plus "riche" que la course en elle même...
un peu comme dans nos vies, lorsqu'on ressent le sens et la vérité (la nôtre) de ce vers où l'on se destine, malgré les embûches, malgré la malchance et le stress qui va avec, rien ne peut arrêter l'envie folle d'avancer et d'y parvenir.
et là, à mon petit niveau, je sais de quoi je parle.

Une phrase marquante de Sénèque qui s'adressait à son ami Lucilius : "lorsque tu auras désappris à espérer, je t'apprendrai à vouloir"
C'est un lien rêvé entre ton post d'hier et d'aujourd'hui ; si on veut avancer, il faut savoir où l'on va, mais l'important est d'avancer, tranquillement, dans la confiance du but à atteindre. Peu importe les embûches et les pièges du chemin...

Belle histoire que celle là encore Yannick. Merci infiniment.
bises, martine

yannick a dit…

Très belle citation de Sénéque; merci.

Chamsabah a dit…

Une belle illustration de la perséverance qd on croit en qq chose.
Mais, il n'y a rien vraiment rien a rajouter après le 1er commentaire de Martine et sa belle citation de Sénèque.

Dominique a dit…

Je pense que la moindre des choses est de lui souhaiter une bonne année 2011 !!!
Tous mes vœux à toi aussi Yannick.

Anonyme a dit…

peut être est ce seulement la chance de semer tout plein de sourires et qu'on les remarque, car sans cette "malchance" nous ne l'aurions pas su.
Merci à ce Capitaine de semer ces sourires aux vents et aux marées.
Bonne Année
Brin de Muguet