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samedi 18 décembre 2010

Iles ou Ailes

Le lendemain, Philippe négocia un congé sans soldes. Elle, faisait des missions de conseil, et passait la majeure partie de son temps à la maison, pour se consacrer à ce qu'elle aimait : la peinture, tout en donnant de son temps à des associations. Tout fut réglé en deux jours. Ils annoncèrent leur départ à leurs deux enfants, sans s'appesantir sur la gravité de la situation. A quoi bon?
Restait à choisir la destination.

- Je voudrais voir des gens simples, de beaux paysages, la vie au plus près de la terre, du paisible loin de l'agitation du monde moderne.
- Tu penses à un endroit en particulier?
- L'indonésie.
Il s'était donné pour consigne de ne pas discuter. Les choses étaient assez simples finalement. Le pire pouvait arriver à tout moment. La question n'était pas de rester le plus longtemps possible en bonne santé, et de croupir à l'abri dans un univers protégé, fusse à la maison ou dans un hôpital. S'il fallait faire halte momentanée dans un tel lieu, ils ne l'avaient pas exclu. Le projet était de vivre ensemble un dernier voyage, quel qu'en soit le prix à payer. Il la protégerait tandis qu'elle l'entraînerait.
Ils prirent les médicaments nécessaires, qu'ils ajoutèrent à leurs affaires de voyage.
Ils achetèrent un aller simple. Ils ne voulaient pas se bloquer dans le temps. Peut être partaient-ils pour quinze jours, peut être pour deux mois... C'est la vie qui allait décider. De toute façon, c'est toujours la vie qui décidait, à condition de savoir l'écouter. Ne pas avoir d'à priori faisait partie de leur philosophie depuis longtemps.

Le dernier soir, il commanda des plats libanais qu'ils se firent livrer. Il sortit dans le jardin cueillir les dernières roses qui bravaient l'hiver. Chaque mois de décembre, quelques roses offraient leur ultime couleur et leur dernière fragrance avant de disparaître. Merveilleuse leçon de la nature.
Ils mangèrent par terre, à la lueur des bougies qui jetaient des ombres sur les murs.
- Philippe, si je n'ai pas assez de courage, tu ne m'en voudras pas?
- Mon amour, c'est peut être moi qui en manquerait.
- J'ai confiance.
- Appuyons nous sur ce que nous vivons maintenant, il n'y a rien d'autre.

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