Pour en revenir à Vijayananda, nous pouvons déjà écrire ce qui s'était passé depuis quelques mois. A Noël, il avait eu une forte grippe qui l'avait handicapé, et il avait manqué le satsang pendant quelques jours. Cependant, il l'avait repris comme d'habitude jusqu'au dimanche 4 avril au soir, qui aura été son dernier rendez-vous avec les fidèles. Mâ lui avait demandé de s'occuper des occidentaux, et il le faisait comme un seva, un service désintéressé. On peut mentionner en passant que cela me touche car c'était la date de mon anniversaire. Nous avions 51 ans de différence. Grâce à la Kumbha-Mela, où j'étais présent depuis début février, j'ai pu avoir pratiquement les deux derniers mois de satsangs de Swamiji continument, à part quelques jours dont les quatre derniers. Le dimanche soir, nous étions à Rishikesh avec le dernier groupe à avoir passé cinq jours avec Vijayananda à Kankhal. Nous avons participé à l'arati des bords du Gange à Paramarth Niketan en présence du Dalai Lama. Pour beaucoup des membres du groupe, c'était la première fois qu'ils rencontraient le Dalai Lama en personne, et ils ont été impressionnés.
Le lundi matin, Isou qui était proche de lui depuis plus de 20 ans, est montée dans sa chambre car il n'était pas bien. Il se tournait et retournait sur son lit en cherchant une position qui ne soit pas trop douloureuse, mais ne la trouvait pas. Il avait une forte douleur dans la nuque, à l'arrière de la tête, dans la poitrine aussi. Il a vomi plusieurs fois. On a appelé un médecin indien du village, qui a parlé de gastro-entérite, et a proposé des médicaments. Vijayananda ne les a pas pris, car il a bien vu que le diagnostic était erroné. En fait, il s'agissait très probablement des signes d'une hypertension intracrânienne avec un début d'engagement de la base du cerveau dans le canal rachidien : cela induit une compression des centres respiratoires qui rend la respiration de plus en plus faible, et mène à une issue fatale. Cela était probablement du chez Swamiji à sa déformation majeure de la nuque par l'arthrose et aux tassements vertébraux comprimant la moelle épinière, ceci ayant déjà entrainé une paralysie des membres inférieurs quand il s'agissait de faire plus que quelques pas. En fait, depuis plusieurs mois, on sentait son souffle de plus en plus court, ce qui fait qu'il parlait faiblement aux satsangs, et comme nous l'avons dit, depuis peut être deux ou trois semaines, il avait vraiment du mal à finir des phrases un peu longues. Auparavant on pouvait comprendre ce qu'il disait en s'approchant très près de sa bouche, mais depuis peu de temps, il y avait certaines fois, ou même dans ces conditions, on devait avouer qu'on n'entendait pas ce qu'il disait. Ceci m'avait amené à dire vers fin mars à mon voisin ermite à Dhaulchina, Swami Nirgunananda, et à un autre ami au téléphone, que Swamiji semblait ne plus en avoir pour longtemps à rester dans sa dépouille mortelle.
Vers midi le lundi, sa respiration est devenue encore plus difficile, cependant il pouvait communiquer avec l'entourage, et même se lever pour aller aux toilettes. A cinq heures, la respiration est devenue encore plus laborieuse, Gonzague était près de lui et Izou était en train d'appeler l'avion ambulance qu'ils avaient préparé pour le ramener d'urgence à Delhi, car il devenait évident que le diagnostic vital était en jeu. Izou est montée dans sa chambre, l'a veillé et au bout de 10 minutes il a rendu l'âme. Ce qu'il y a d'étonnant, c'est qu'il lui avait prédit qu'elle serait présente au moment où il partirait, alors que normalement la régle interdit strictement aux femmes de monter dans le sadhou kutir réservé aux ascètes hommes. Il a quitté son corps dans sa position habituelle de méditation, adossé à des coussins avec les mains jointes et les jambes plutôt étendues devant lui, car il avait depuis plusieurs années du mal à les croiser. Il était toujours plein d'encouragement pour son entourage. Quand Narayan est revenu des examens de fin d'année qu'il passait ce jour là, Vijayananda a été très heureux de le revoir. Il s'est exclamé : "Voilà Narayan!" et lui a demandé avec beaucoup d'intérêt comment s'était déroulé les épreuves. Narayan ne se rendait pas compte qu'il était à l'agonie, en fait, et qu'il n'avait plus qu'une heure à vivre. Izou, ainsi que Sonia à distance à partir de Delhi, s'étaient démenés pour affréter un avion ambulance afin de transférer Swamiji dans la capitale. Il a exprimé son appréciation pour leurs efforts en s'exclamant : "C'est formidable!" Cela a été pratiquement sa dernière parole, il s'est éteint peu après, Izou a pu ainsi prévenir l'avion qui était déjà sur la piste pour décoller et annuler sa venue. C'était mieux ainsi, Vijayananda vivait depuis 34 ans dans cette chambre où Mâ l'avait installé en lui disant "yahan baito!" "Assieds toi là!", et effectivement, il y est mort assis après des décennies de sadhana intense.
1 commentaire:
Mille mercis à vous... Et Jai Jai Ma. Merci à Swamiji que j'ai rencontré plusieurs fois à Kankhal pour sa grande gentillesse. Le jour de son décès (que j'ignorais) je lui ai écrit une carte postale de rennes........
Jai Jai Ma Maud
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