Auparavant, je prenais un cahier que j'ouvrais sur une page blanche.
Le blanc tout vierge, déjà suffisant à la beauté qu'il inspire. Le vide qui appelle le remplir...
Je sortais un crayon et je me laissais porter par l'écriture secrête, entre la vie et moi.
Aujourd'hui j'appuie sur des boutons pour que l'écran blanc s'allume.
Plein de fenêtres, de signes, que l'oeil reconnaît, pourtant je m'y sens étranger.
Sur un cahier, on peut faire des dessins, des ratures, enlever, ajouter, bien que souvent le mot premier est conservé. C'est plus sensuel, plus personnel, plus solitaire.
Sur l'écran, on peut corriger, mettre en forme, finir propre, et ranger, voir envoyer. C'est plus net, plus virtuel, plus séparé.
Un cahier, comme un livre, se découvre, s'entrouvre, se feuillette, tout est là, sous les doigts, sous les yeux. Ca se touche, ça se hume, se ressent, se soupèse, tous les sens en éveil.
Un écran, c'est tellement autre chose, il faut attendre son réveil, respecter son rythme, faire des détours, avant qu'il nous livre (tiens un mot bizarre ici) ce qu'il a dans le ventre. Bien sur une fois ouvert ce peut être une véritable malle, chose que ne sera jamais un livre, un cahier.
Et quand l'énergie disfonctionne, et quand le cahier n'a plus de pages...
Et quand l'envie surgit, et qu'il n'y a rien sous la main.
Seul le lire est commun, et si le support ne distrait pas, le plaisir possible qui s'ensuit est le même.
Quand au partage, c'est assurément la grande différence.
On peut même souhaiter le bonjour en passant.
4 commentaires:
achète-toi un scanner et garde ton stylo, Yannick !
Bonjour Yannick.
tu as une plume d'ange Yannick
bisous, martine
J'aime beaucoup ta vision sur les mots, les matières, les attitudes...
Beaucoup de plaisir à te lire.
Bonne soirée.
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