Le jeune homme regardait la rivière, assis à l'ombre d'un arbre. Il voyait le courant, cet espèce de flux insaisissable. Il avait parfois du mal à ne pas le suivre des yeux. Tout semblait stable sauf le cours de cette rivère. Le cours d'eau est un mot qui dit bien ce qu'il veut dire. D'ailleurs ne dit-on pas le cours de la vie? Ainsi la vie courre...
Pourtant je suis assis, se dit-il, à part le courant, je ne vois pas grand chose bouger.
C'est alors qu'un homme sur une barque s'approcha, et s'arrêta près de l'arbre.La conversation s'engagea.
- Vous regardez le paysage sous un arbre, vous êtes contemplatif?
- Oui, sans doute, en étant sans mouvement, je regarde ce qui bouge.
- Et alors, que voyez-vous bouger?
- L'eau de la rivière, le courant.
- Ce n'est pas la même chose.
- Que voulez-vous dire?
- L'eau est si fine, si souple, si conciliante, qu'elle suit tout ce qui l'accueille, qu'elle ne refuse pas une quelconque invitation qui lui est proposée. Sa grande force c'est de se laisser aller à son contenant.
Ce n'est pas l'eau qui crée le courant, mais son potentiel à s'abandonner à ce qui s'offre à elle. Qu'elle soit torrent, fleuve ou ruisseau, lac ou embouchure, l'eau reste toujours de l'eau.
- C'est vrai. C'est peut être pour cela que l'eau me fascine!
- Voulez-vous venir sur ma barque, je vais vous montrer quelque chose?
- Avec joie.
Et voilà nos deux hommes assis tranquillement sur cette barque en bois, poussée par le courant.
- Vous n'utilisez pas vos rames?
- Non, juste quand c'est nécessaire.
- Quel changement par rapport à tout à l'heure, mais je me sens tout aussi bien.
- Que voyez-vous?
- Le paysage défiler.
- Où est le mouvement maintenant?
- Il semble à l'extérieur, alors que je sais pertinemment que la terre ne bouge pas. C'est nous qui bougeons.
- Pas si sur puisque nous sommes sur la barque, et que je ne touche même pas aux rames.
- Oui, c'est vrai, c'est l'effet du courant.
- En effet, nous sommes immobiles, portés par une barque qui suit le courant. Si on observe bien, on a une impression de liberté, alors que l'on obéit aux lois du courant.
- Nous sommes immobiles et l'on a l'impression de mouvement.
- C'est ce paradoxe qu'il faut garder en tête : être immobile au milieu du mouvement.
4 commentaires:
J'avais pensé "Puits", pour ton texte-poème précédent ; me voici à penser "Suivre" (hexagramme 17). C'est ce qui me traverse spontanément, ça m'est apparu comme une magnifique illustration.
Bien à toi,
Nathalie ,
Je cherche à te joindre par mail , via ton blog , mais je ne trouve aucune adresse ...
Je souhaite répondre à ta demande ,
concernant le livre que j'ai écris ...
gandha.
p.s.: excuse -moi yannick , je me sers de ton blog pour parler à nathalie ... si tu as son mail , peux-tu me le transmettre ? merci !
Je n'ai pas les coordonnées de Nathalie, mais tu peux essayer vers Anne ou Mabes.
merci yannick ,
anne c. m'a donné ses coordonnées et nathalie m'a écrit aussi !
ton blog a servi de relai ,
thank you !
belle journée à toi. gandha.
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