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lundi 12 septembre 2011

Désir et réalisation

Après cette découverte, importante pour moi car concrétisation d'un rêve, je faisais le point en descendant le sentier qui me ramenait au village. J'avais lu quelques témoignages de personnes qui avaient fait des dizaines de via ferrata. Là je sentais bien que ce n'est pas ce que je chercherais. A moins d'avoir une vraie passion pour en connaître le plus possible, ce qui n'est pas mon cas, en faire juste quelques unes me semblait suffisant pour passer d'un vieux rêve à un accompli qui me laisse en paix.

Chaque désir est différent, et chacun est différent dans sa capacité à le vivre. Je découvrais aussi qu'avec l'âge, mais plutôt avec l'expérience de la vie et la conscience que l'on met dans ce que l'on fait, le vécu change. On peut refaire dix fois, cent fois les mêmes choses, sans l'avoir vécu une seule fois en pleine conscience. Et l'on continue de chercher à chaque fois une sorte d'idéal. A l'opposé on peut vivre une seule fois un type d'expérience, et en être nourri pour que l'on n'ai plus besoin de la répéter. C'est une question de conscience, et donc d'être. Plus on est, moins on a besoin d'expériences diverses.
Cela fait aussi que le retour sur l'expérience, le débriefing comme on dit, est plus objectif. Quelle était la demande, quel fut l'investissement, était-on présent lors du vécu, que ressent-on au moment où, après, est-on encore dans le rêve ou dans un réel état de contentement?....
Un rêve a toujours tendance à enjoliver les choses car il y a beaucoup d'imaginaire, et il n'est donc pas objectif. Alors que dans la réalisation, il est tellement important de voir tous les aspects de nous même qui étaient en jeu.

Je sentais bien que, la chance aidant, j'étais tombé sur quelque chose de suffisamment fort pour être confronté à mes limites, ce qui est important pour que l'attente soit comblée. Soit on est dans un chemin de progression, et donc on y va par étapes, soit on peut sauter certaines étapes et goûter assez vite ce à quoi on voulait se confronter. Tout dépend de l'entreprise et de notre point de départ. C'est complètement personnel. Quelqu'un qui veut piloter un avion va forcément passer par l'apprentissage. Quelqu'un qui est un passionné de restaurant peut viser tout de suite du très haut de gamme, mais à condition d'être capable d'apprécier.

Enfin, il ne s'agit pas non plus d'en ressortir comblé, et d'entendre une petite voix intérieure qui demande : "Et maintenant que vais-je faire? Je n'ai plus de rêve, vite un autre..." C'est justement là où la conscience d'être fait toute la différence. Suis-je plus avec un rêve accompli?
Alors que l'on peut arriver tranquille, vivre son truc le plus consciemment possible, avec effort et peur si c'est le cas, toujours relativiser car la conscience témoin est là, et repartir tranquille. Une partie de nous en demande s'est tue, car il y a eu une intelligence globale qui a bien géré l'ensemble. Le contentement qui a lieu est de l'ordre de ce qui se passe dans la profondeur invisible de l'être, pas dans une excitation joyeuse de surface.
Plus on est présent, mais vraiment présent, moins on est pris dans le mental qui lui est toujours insatisfait. Et la qualité de la présence, ce n'est pas une affaire de quelques moments magiques, c'est un travail qui s'installe jour après jour. Ainsi ce que l'on envisage de vivre dans un mois, dans un an, en tant que projet, démarre dans la présence tout de suite...

2 commentaires:

Dominique a dit…

Ce que tu dis là correspond assez (non, plutôt beaucoup) à ce que j'ai vécu avec l'expo que je viens de faire.

yannick a dit…

Tu m'en vois réjoui, Dominique.