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mercredi 28 septembre 2011

Prêtre ou moine

Parmi les personnes en retraite, il y avait un prêtre. Habillé comme tout le monde, rien ne laissait supposer son activité. Plutôt jovial, les yeux rieurs, voire malicieux, il était à la fois calme mais très vite prêt à parler. Un intellectuel en fait qui a écrit un livre sur un homme d'église particulier au Salvador.
A un moment il a parlé de son cheminement et de l'église.

Au fil de ce voyage, je me suis rendu compte de l'importance, pour ne pas dire la puissance, de l'église dans la société italienne. Le fait que le Vatican soit à Rome est d'un impact que l'on n'imagine pas dans les autres pays. Il y a des églises partout, dire à chaque coin de rue serait presque vrai. L'histoire de l'église est liée au pouvoir, et sa liaison avec le pouvoir politique et les affaires est tout à fait réel et reconnu.

On peut se demander alors quelle est la motivation d'un homme qui s'engage en religion. Soit il devient prêtre, soit il se fait moine. Vous allez me dire que ce n'est pas du tout pareil. C'est bien la question. Qu'est-ce qui fait choisir l'une ou l'autre voie?
Un prêtre a une vie assez laïque finalement. Il a une formation puis se met à transmettre ce qu'il a entendu, sans expérience concrête. Il répète bien souvent comme un perroquet. Combien de prêtres sont capables de faire un sermon sans lire? Et c'est bien ça le drame.

D'ailleurs ce prêtre disait qu'il s'était aperçu qu'il devenait un fonctionnaire de la distribution d'hosties. Ce qui le dérangeait. Il voyait bien que tout était figé, artificiel. Les gens venaient par habitude, conformisme, et dans un besoin finalement superstitieux. A un moment il a voulu changer, organiser une rencontre libre, sans horaire fixe, pour aller plus au fond des choses. Résultat : il a eu 3 personnes!
Il est donc resté fonctionnaire de l'église à ce que j'ai compris. Chacun fait comme il peut.
Ne comprenant pas tout, car il m'a fallu quelques jours avant que mon esprit se remette complètement à l'italien, je ne suis pas beaucoup intervenu dans la discussion. Mais pourquoi ne pas avoir choisi d'être moine? Ce n'est pas du tout la même chose, assurément.

En écrivant tout cela je réalise que les femmes n'ont pas le choix, elles ne peuvent êtres que soeurs, moniales, et pas prêtres. Cela nous renvoie au machisme de l'église (elle n'est pas la seule, il y a pire...), et à son aspect rigide, autoritaire, hiérarchique, tout comme le pouvoir en général.
Alors face à ce dilemme, ou on quitte l'église, ou on fait avec. Pour certains c'est faire du social, s'occuper des pauvres, être disponible. Tout au long de l'histoire il y a eu des cas illustres. Et même quelques cas qui au nom de la pauvreté ont fini par dénoncer la corruption de l'église avec le pouvoir et les nantis, non sans risque, certains en sont morts, assassinés.
Au fur et à mesure, je comprenais que c'était ce qui leur restait, ce qui lui restait, dans sa compréhension des écritures. Le social. Mais pas dans l'option de faire évoluer la conscience, de comprendre le sens et le but de la vie, de se libérer du mental. L'un n"empêche pas l'autre.

Un jour un couple est venu, et il y a eu une discussion entre ces deux hommes, expliquant leur position avec force théorie. Incroyable. A un moment j'ai dit quelque chose, mais je ne fus pas entendu. Alors je me suis tu, attendant que cela s'éteigne de soi même.

Toute la confusion vient de la mauvaise compréhension entre la pauvreté d'esprit et le fait d'être pauvre.
Devenir pauvre en esprit, c'est approcher l'humilité, c'est s'observer et reconnaître ce qui est, jusqu'à apaiser, par usure, le mental. C'est un travail sur soi qui demande de s'y consacrer à plein temps. C'est ce que sont censés faire les moines, ou toute autre personne qui s'engage vraiment.
On ne peut pas être diplômé dans cette démarche, que ce soit prêtre ou autre chose. Il faut passer par le chas de l'aiguille...
Chacun sa vie, chacun son cheminement...

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