Je me souviens très bien des leçons que je prenais au club Mickey, agé de 8 ans, pour apprendre à nager. Le moniteur, me faisait répéter inlassablement les mêmes mouvements. Seulement les mouvements des pieds, les mains tenant une planche, puis les mains, lui même me soutenant. J'avais la tête plus ou moins immergée. Je ne flottais pas vraiment, je ne me noyais pas complètement, j'en avais marre souvent... Sans cesse il reculait, et je devais continuer. J'avais froid au bout d'un moment.
A la fois j'aimais l'eau, à la fois je n'avais pas envie d'apprendre et de souffrir. C'était une nécessité difficile. Il savait que c'était dur, et il me bousculait pour persévérer. Ainsi j'apprenais deux choses : à nager, et à persévérer. La deuxième, je ne m'en suis jamais rendu compte vraiment.
Et puis un jour, à un moment précis, les efforts pour flotter et avancer se sont transformés en nage maladroite, mais avec une toute nouvelle sensation.
Il y avait avant, il y a eu après.
L'expérience changeait complètement. Celui qui crachait, avait peur, trouvait ça long, a fini par disparaître, non pas qu'il était devenu un poisson, mais il avait goûté à une sorte de nage où il n'y a plus d'effort, où il n'y a plus de peur, où il n'y a plus de but à atteindre. Le but était atteint. Je savais nager, j'avais touvé le truc pour flotter sans paniquer. Bien sur j'avais des progrès à faire, mais c'en était fini d'avant. Pourtant le corps n'avait pas changé, les lois physiques étaient toujours les mêmes, mais les leçons étaient acquises et s'étaient tranformées en expérience, en vécu. Il n'y avait plus qu'à découvrir peu à peu le plaisir de nager, de jouer avec l'eau, de me glisser dans l'humide permanent, d'être sensible à cette liberté nouvelle où la pesanteur a disparu.
Où sont passées les leçons, les efforts, les peurs, quand il n'y a plus que plaisir?
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