Lorque l'on pense au mot "réfléchir", on peut aisément imaginer que c'est à propos d'une chose un peu compliquée, que c'est une manoeuvre qui demande de bien se poser pour étudier le problème, afin de penser intelligemment à une solution.
Il y a plein de choses que l'on fait sans réfléchir, parce que apprises, parce que automatiques, spontanées, ou n'en ayant pas besoin. On peut aussi réfléchir à la route que l'on va prendre, aux conséquences d'un choix éventuel, à des choses beaucoup plus graves.
L'étymologie du mot nous renvoie à re : retour, et à flexion : le fait de fléchir, c'est à dire plier, courber.
Cela vient du latin flectere, flexus qui veut dire courber. On pense tout de suite à flexible, qui amène l'idée d'une certaine souplesse ou docilité, et par opposé inflexible qui signifie rigide...
Deflectere : c'est abaisser en ployant, reflectere : c'est abaisser en tournant, coucher en arrière, circumflectere : tourner autour (d'où la forme de l'accent circonflexe).
Et donc réfléchir, c'est l'idée de revenir en arrière mais en se mettant en dessous, en s'abaissant, pour découvrir une réponse. Il y a une forme d'humilité quelque part.
Réfléchir ne doit pas être confondu avec penser, même si on peut utiliser la pensée pour réfléchir.
Un autre sens au mot réflexion, c'est l'idée de renvoyer quelque chose, comme le miroir qui réfléchit une image, ou une paroi qui renvoie les sons, et ce de façon neutre. Cela a donné le mot reflet, réflecteur.
Avant que de commencer, sans savoir pourquoi, je me disais que rélexion et génuflexion étaient reliés, en tout cas par l'étymologie. Je crois maintenant que notre ambiance culturelle a sans doute déformé la compréhension du mot réfléchir, qui pourrait nous faire croire à une sorte d'effort volontaire au niveau mental.
En fait il s'agit plus d'une sorte de retour, avec une souplesse d'esprit, pour voir. Réfléchir pourrait être une sorte de démarche pour apprendre à Voir.
A la longue, Voir devient un réflexe...
Partager des moments de vie, des petits riens, des grands tout, oser l'authentique...
Membres
dimanche 31 juillet 2011
samedi 30 juillet 2011
vendredi 29 juillet 2011
Lama Guendune
LE BONHEUR
Le bonheur ne se trouve pas
avec beaucoup d'effort et de volonté
mais réside là, tout près,
dans la détente et l'abandon.
Ne t'inquiète pas, il n'y a rien à faire.
Tout ce qui s'élève dans l'esprit
n'a aucune importance
parce que n'a aucune réalité.
Ne t'y attache pas.
Ne te juge pas.
Laisse le jeu se faire tout seul,
s'élever et retomber, sans rien changer,
et tout s'évanouit et recommence à nouveau, sans cesse.
Seule cette recherche du bonheur nous empêche de le voir.
C'est comme un arc-en-ciel
qu'on poursuit, sans jamais le rattraper
Parce qu'il n'existe pas, qu'il a toujours été là
et t'accompagne à chaque instant.
Ne crois pas à la réalité des expériences bonnes ou mauvaises,
elles sont comme des arc-en-ciel.
A vouloir l'insaisissable, on s'épuise en vain.
Dès lors qu'on relâche cette saisie,
l'espace est là, ouvert, hospitalier et confortable.
Alors profites-en. Tout est à toi, déjà. Ne cherche plus.
Ne va pas chercher dans la jungle inextricable l'éléphant
qui est tranquillement à la maison.
Rien à faire
Rien à forcer
Rien à vouloir,
Et tout se fait tout seul.
CONSEILS AU MEDITANT
Laisse cet esprit qui est le tien,
dans un état détendu, non-artificiel.
En cet état, voyant la pensée et son mouvement,
reste dessus, détendu.
En cet état, va poindre la stabilité.
Pas d'attachement à la stabilité,
Pas de peur du mouvement.
Connaissant qu'il n'est pas de différence
entre stabilité et mouvement,
l'esprit s'élevant de l'esprit.
En cet état, sans saisie, sans attachement,
repose, détendu, tel quel.
En cet état, la réalité en elle-même,
l'essence de ton propre esprit,
sagesse, vacuité radieuse,
va s'élever,
et tu n'auras pas de mots...
En cet état, un calme naturel viendra ;
sans tenir la stabilité pour quelque chose,
tel quel, naturel et libre ;
sans saisir ni rejeter les productions mentales,
s'il te plaît, reste... LÀ.
jeudi 28 juillet 2011
Les deux amis
Isabelle leur proposa ensuite d'écrire sur une feuille ce qu'ils avaient cru être et qui avait définitivement disparu, ce pour qui il s'était pris et qui au fil du temps avait aussi disparu.
-" Si vous n'arrivez pas à répondre à la question "qui suis-je?", regardez alors ce que vous n'êtes pas, ce pour quoi vous vous prenez peut être et qui après réflexion n'est peut être pas vraiement ça. Cela peut être maintenant, pas uniquement par rapport au passé. Là encore le but n'est pas d'aligner des réponses, mais de vraiment sentir que la réponse que vous pouvez écrire est la bonne. C'est un exercice entre vous et vous. Il n'y a pas de meilleure réponse ni de récompense. La meilleure réponse c'est cette rencontre avec vous même, et ce qu'elle deviendra... Continuez à être vers le mur, ne vous regardez pas les uns les autres, cela ne serait pas une aide."
"Ouah!" se dit Philippe, sentant bien que l'on n'était pas là pour se distraire ou nourrir la curiosité avide de tout ce qui est neuf et bouge.
Qu'est-ce que je ne suis pas? Ai-je seulement une idée de ce que je suis et de ce que je ne suis pas? Il y a plein de tendances diverses en moi, c'est évident. Je vois bien que tout cela change aussi. Il se dit que depuis un moment ce qui dominait en lui était ce questionnement du sens à donner à la vie, à sa vie. Mais un élément dominant n'est pas la totalité. C'est une partie comme une autre. Y a t-il une partie de nous même qui est plus importante que d'autres? Quand je ne me pose pas de question, qu'est-ce qui se passe?
Au fur et à mesure que Philippe se posait ces questions il réalisa que si une question ou un questionnement dominait, il y avait plein de moments où il pensait à autre chose, et aussi plein de moments où il ne se rendait même pas compte qu'il pensait.
Le temps lui semblait plein, en ce moment, parce qu'il avait conscience de ce à quoi il pensait, ou presque, depuis le début du stage. "Mais si je vois mes pensées clairement, suis-je le même quand je les vois et quand je ne les vois pas?" Il se dit finalement qu'il allait écrire ça, que c'était ce qui lui semblait le plus près de ce qu'il ressentait, qu'il ne savait pas qui il était, ni qui il n'était pas, à ce stade. Que lorsqu'il se posait ce genre de question, il n'était pas Philippe en tant qu'étudiant ou ayant tel parent ou tel âge, mais il était une question...
Certains avaient écrit sur toute la page, d'autres très peu... Ainsi va la vie, dans sa différence permanente.
Les papiers furent ramassés. Tout le monde se retourna. Les regards avaient changé. Plus de profondeur, plus de lenteur, sans doute plus d'interrogation aussi.
-" Si vous n'arrivez pas à répondre à la question "qui suis-je?", regardez alors ce que vous n'êtes pas, ce pour quoi vous vous prenez peut être et qui après réflexion n'est peut être pas vraiement ça. Cela peut être maintenant, pas uniquement par rapport au passé. Là encore le but n'est pas d'aligner des réponses, mais de vraiment sentir que la réponse que vous pouvez écrire est la bonne. C'est un exercice entre vous et vous. Il n'y a pas de meilleure réponse ni de récompense. La meilleure réponse c'est cette rencontre avec vous même, et ce qu'elle deviendra... Continuez à être vers le mur, ne vous regardez pas les uns les autres, cela ne serait pas une aide."
"Ouah!" se dit Philippe, sentant bien que l'on n'était pas là pour se distraire ou nourrir la curiosité avide de tout ce qui est neuf et bouge.
Qu'est-ce que je ne suis pas? Ai-je seulement une idée de ce que je suis et de ce que je ne suis pas? Il y a plein de tendances diverses en moi, c'est évident. Je vois bien que tout cela change aussi. Il se dit que depuis un moment ce qui dominait en lui était ce questionnement du sens à donner à la vie, à sa vie. Mais un élément dominant n'est pas la totalité. C'est une partie comme une autre. Y a t-il une partie de nous même qui est plus importante que d'autres? Quand je ne me pose pas de question, qu'est-ce qui se passe?
Au fur et à mesure que Philippe se posait ces questions il réalisa que si une question ou un questionnement dominait, il y avait plein de moments où il pensait à autre chose, et aussi plein de moments où il ne se rendait même pas compte qu'il pensait.
Le temps lui semblait plein, en ce moment, parce qu'il avait conscience de ce à quoi il pensait, ou presque, depuis le début du stage. "Mais si je vois mes pensées clairement, suis-je le même quand je les vois et quand je ne les vois pas?" Il se dit finalement qu'il allait écrire ça, que c'était ce qui lui semblait le plus près de ce qu'il ressentait, qu'il ne savait pas qui il était, ni qui il n'était pas, à ce stade. Que lorsqu'il se posait ce genre de question, il n'était pas Philippe en tant qu'étudiant ou ayant tel parent ou tel âge, mais il était une question...
Certains avaient écrit sur toute la page, d'autres très peu... Ainsi va la vie, dans sa différence permanente.
Les papiers furent ramassés. Tout le monde se retourna. Les regards avaient changé. Plus de profondeur, plus de lenteur, sans doute plus d'interrogation aussi.
mercredi 27 juillet 2011
lundi 25 juillet 2011
A vérifier
J'ai souvent entendu Daniel Morin dire à propos de ses propres phrases : "Prouvez moi que j'ai tort!"
Les phrases de sagesse sont à absorber tout en les remettant en cause. On ne devrait pas parler de choses que l'on n'a pas vécu, sinon on répète. Dougles Harding, avec ses exercices géniaux, nous faisaient toucher du doigt des vérités frappantes. Tout en ajoutant : "Ne me croyez pas, vérifiez par vous même."
La mort, tellement refusée dans notre société moderne, est une réalité. Mais la disparition de quoique ce soit est aussi une réalité. Tout ne fait que passer.
Je me souviens d'un exercice de Douglas qui m'avait bien touché. Quelqu'un à côté de nous faisait apparaître un objet sur notre gauche, qui passait devant nos yeux, puis allait sur notre droite avant de disparaître à notre regard. Cela semble amusant quand c'est un objet dérisoire, sans aucun lien avec nous. Puis quand c'est un objet vraiment personnel, c'est déjà différent. A un moment c'était la carte d'identité, puis au final, Catherine avait fait passer mon épouse, alors que je ne m'y attendais absolument pas, d'un côté à l'autre. Tout était apparu, tout avait disparu. Il se trouve que la réalité a rejoint l'exercice, et j'ai vraiment regardé cet exercice d'un autre oeil depuis.
Un beau plat que l'on fait tomber est aussi une disparition. Et le fait de geindre n'a jamais fait revivre ce qui n'existe plus.
"Tu verras, tout recommencera comme avant!" est un leurre gigantesque. On devrait dire : "Tu verras, tout disparaîtra comme toujours!" ou : "Tout est toujours différent!"
Ce n'est pas un drame de penser à la mort, bien au contraire, c'est plutôt dramatique de ne pas y penser, car elle nous entoure en permanence. Où sont passées les fleurs du printemps, les amours de jeunesse, les premiers pas des enfants?
Les phrases de sagesse sont à absorber tout en les remettant en cause. On ne devrait pas parler de choses que l'on n'a pas vécu, sinon on répète. Dougles Harding, avec ses exercices géniaux, nous faisaient toucher du doigt des vérités frappantes. Tout en ajoutant : "Ne me croyez pas, vérifiez par vous même."
La mort, tellement refusée dans notre société moderne, est une réalité. Mais la disparition de quoique ce soit est aussi une réalité. Tout ne fait que passer.
Je me souviens d'un exercice de Douglas qui m'avait bien touché. Quelqu'un à côté de nous faisait apparaître un objet sur notre gauche, qui passait devant nos yeux, puis allait sur notre droite avant de disparaître à notre regard. Cela semble amusant quand c'est un objet dérisoire, sans aucun lien avec nous. Puis quand c'est un objet vraiment personnel, c'est déjà différent. A un moment c'était la carte d'identité, puis au final, Catherine avait fait passer mon épouse, alors que je ne m'y attendais absolument pas, d'un côté à l'autre. Tout était apparu, tout avait disparu. Il se trouve que la réalité a rejoint l'exercice, et j'ai vraiment regardé cet exercice d'un autre oeil depuis.
Un beau plat que l'on fait tomber est aussi une disparition. Et le fait de geindre n'a jamais fait revivre ce qui n'existe plus.
"Tu verras, tout recommencera comme avant!" est un leurre gigantesque. On devrait dire : "Tu verras, tout disparaîtra comme toujours!" ou : "Tout est toujours différent!"
Ce n'est pas un drame de penser à la mort, bien au contraire, c'est plutôt dramatique de ne pas y penser, car elle nous entoure en permanence. Où sont passées les fleurs du printemps, les amours de jeunesse, les premiers pas des enfants?
Se dire au revoir
"On peut se dire au revoir plusieurs fois" est le dernier livre de David Servan Schreiber.
Il vient de mourir ce soir...
Atteint d'une rechute de cancer au cerveau, qu'il aura tenu à l'écart 19 ans.
Il avait 50 ans, ce qui veut dire que son cancer a été découvert à 31 ans.
Ses livres, vendus à des millions d'exemplaires, parlent des méthodes qu'il défendait pour affronter la maladie, et guérir si possible (Anticancer, Guérir...).
Une vie de surmenage pendant longtemps. Certainement que sa passion, son travail, son partage au travers de ses livres et de ses nombreuses conférences, ont sauvé des vies, aidé de nombreuses personnes, soulagé, allongé la vie de beaucoup, et aidé d'autres à prendre conscience de leur propre vie. Cela peut alors sembler injuste qu'une telle personne meure d'une rechute dont il savait qu'il ne réchapperait pas. Au début on lui parlait de 6 ou 7 ans, il a tenu 19 ans, ce qui est en soi un exploit.
Je me dis que ce doit être vraiment difficile d'apprendre à 31 ans que l'on a un cancer au cerveau (ou ailleurs). Et même plus tard.
En une année, des personnes qui se connaissaient ont témoigné de cette terrible maladie qu'est le cancer : Bernard Giraudeau, Guy Corneau et lui. Si Guy Corneau s'en est tiré, les autres non. Leur point commun, c'est qu'ils avaient mis en oeuvre tout ce qu'ils pouvaient comme méthodes douces pour contrebalancer les effets de la chimio et se nourrir de vivant. Tous trois faisaient de la méditation, ce qui leur a permis de prendre du recul. Giraudeau et Servan Schreiber sont morts dans une certaine sérénité, dans une certaine acceptation de ce qui leur arrivait, d'après les témoignages. Je pense aussi à Christiane Singer, morte d'un cancer il y a quelques années.
Mourir est inévitable, on ne peut se battre contre ça. Mourir jeune, ou paraissant encore jeune, est une autre affaire. J'imagine que cela doit provoquer, dans le temps qui leur reste à vivre, un saut de conscience phénoménal. Apprendre à goûter d'autant mieux le présent, finir ce qu'il y a à faire, l'indispensable important. Dire les choses essentielles à tous ceux qui nous sont proches. Dire au revoir, aussi, d'où le titre du livre.
Il y a deux jours, on parlait justement de la mort avec une amie, de ceux qui partent jeunes. Je faisais remarquer que ce devait être plus terrible pour ceux qui restent, quand c'est le conjoint, ou les enfants.
Ce soir, en y pensant, je réalise que si ceux qui savent qu'ils vont mourir entreprennent un chemin d'acceptation, de détachement, pour apprivoiser la mort, ce n'est pas forcément le cas de ceux qui restent. Ils restent peut être plus dans une sorte d'impuissance face à cette "fatalité". Ils peuvent ressentir d'autant plus un abandon, une perte, et donc refuser cette réalité difficile. Récemment une dame me parlait de sa souffrance, non encore évacuée, liée à la mort de son jeune fils de 11 ans, il y a plus de 20 ans.
Une personne sur un chemin, qui va mourir, peut finalement aider ceux qui restent à apprendre à faire le deuil, les aider à dire eux mêmes au revoir au lien qu'ils ont eu ensemble.
En fait les plus vivants, je parle de niveau de conscience, devraient aider l'autre à appréhender la mort, ou le fait de se quitter. Cela commence certainement tout de suite, par la vigilance et l'apaisement progressif du mental. Car nul ne sait quand cela arrive.
J'ai la chance d'être en bonne santé, je ne sais donc pas comment je vivrais la nouvelle si j'apprenais que je suis atteint de maladie grave. J'ai juste l'expérience de la mort de ma mère, et d'un second infarctus de mon père il y a quelques jours. Je ne peux que remercier l'enseignement et ceux qui m'ont aidé à grandir pour l'avoir vécu comme je l'ai vécu."Philosopher, c'est apprendre à mourir".
dimanche 24 juillet 2011
Les deux amis
Après l'échange, Isabelle proposa une pause à l'extérieur où chacun devait rester en silence.
Il y avait un petit parc. Cela permit de décompresser pour certains. Après être resté entre quatre murs et entre quatre yeux pendant environ une heure, marcher, regarder les arbres, écouter les oiseaux, faisait du bien. Qu'allait-il se passer ensuite? Nul ne savait. Ils étaient tous à la découverte de ce genre d'exercice.
Philippe pensa à son ami Eric. Allait-il lui en parler? Pouvait-il imaginer ce genre de démarche? Que pourrait-il échanger d'aiileurs, puisque pour l'instant le principal était une question à propos de laquelle il n'avait pas de réponse... Il s'assit et réalisa qu'il pensait plus que tout à l'heure dans la salle.
Lors de la reprise, Isabelle proposa un autre exercice, mais seul cette fois. Ils se mirent en cercle, chacun tourné vers l'extérieur.
-"Je vous propose de rester en silence quelque temps en vous posant la question : Pour qui je me prenais auparavant et qui a disparu? Cela peut être depuis l'enfance jusqu'à il y a peu. Faites-le sincèrement. Ce n'est pas un exercice à finir avec un rendu de copie, mais une question à approfondir."
Cette question était bien sur la prolongation de la précédente. En songeant à l'enfance, on s'apercevait aisément que l'on avait grandi, que l'on était différent, moins dépendant, plus responsable, ce que l'on appelle couremment un adulte.
"Qu'est-ce qui perdure en moi? se demanda Philippe. Si l'enfant a disparu, qu'est-ce qui reste à la place? L'adolescent, je le sens encore. L'adulte? Non, assurément je ne me sens pas comme un adulte! Je me sens insatisfait, je ne sais pas ce que je cherche, j'ai plein de désirs. Finalement j'étais plus heureux enfant car je ne me posais pas toutes ces questions... Quand est-ce que ça a changé? Y a t-il eu un avant et un après? Ou est-ce une continuité, et à un moment, quand on se retourne, on découvre que l'on a changé, que l'on n'est plus le même. Une partie de nous n'existe plus, mais il y en a tant d'autres. Suis-je un amas changeant? Qu'est-ce qui est mort définitivement en moi? Pas la pensée en tout cas, je pense tellement plus que lorsque j'étais petit... "
Il y avait un petit parc. Cela permit de décompresser pour certains. Après être resté entre quatre murs et entre quatre yeux pendant environ une heure, marcher, regarder les arbres, écouter les oiseaux, faisait du bien. Qu'allait-il se passer ensuite? Nul ne savait. Ils étaient tous à la découverte de ce genre d'exercice.
Philippe pensa à son ami Eric. Allait-il lui en parler? Pouvait-il imaginer ce genre de démarche? Que pourrait-il échanger d'aiileurs, puisque pour l'instant le principal était une question à propos de laquelle il n'avait pas de réponse... Il s'assit et réalisa qu'il pensait plus que tout à l'heure dans la salle.
Lors de la reprise, Isabelle proposa un autre exercice, mais seul cette fois. Ils se mirent en cercle, chacun tourné vers l'extérieur.
-"Je vous propose de rester en silence quelque temps en vous posant la question : Pour qui je me prenais auparavant et qui a disparu? Cela peut être depuis l'enfance jusqu'à il y a peu. Faites-le sincèrement. Ce n'est pas un exercice à finir avec un rendu de copie, mais une question à approfondir."
Cette question était bien sur la prolongation de la précédente. En songeant à l'enfance, on s'apercevait aisément que l'on avait grandi, que l'on était différent, moins dépendant, plus responsable, ce que l'on appelle couremment un adulte.
"Qu'est-ce qui perdure en moi? se demanda Philippe. Si l'enfant a disparu, qu'est-ce qui reste à la place? L'adolescent, je le sens encore. L'adulte? Non, assurément je ne me sens pas comme un adulte! Je me sens insatisfait, je ne sais pas ce que je cherche, j'ai plein de désirs. Finalement j'étais plus heureux enfant car je ne me posais pas toutes ces questions... Quand est-ce que ça a changé? Y a t-il eu un avant et un après? Ou est-ce une continuité, et à un moment, quand on se retourne, on découvre que l'on a changé, que l'on n'est plus le même. Une partie de nous n'existe plus, mais il y en a tant d'autres. Suis-je un amas changeant? Qu'est-ce qui est mort définitivement en moi? Pas la pensée en tout cas, je pense tellement plus que lorsque j'étais petit... "
jeudi 21 juillet 2011
Les deux amis
Après ces deux séances de questionnement, Isabelle proposa un échange entre les partenaires.
-"Ne vous précipitez pas, soyez encore proche de l'expérience que vous avez vécu, ressentez et échangez sur cette base. C'est mon conseil, mais vous êtes bien sur libres." dit-elle.
Ils se regardèrent tous les deux un moment.
-"Comment te sens-tu? commença Philippe.
- Je me suis senti forte, et puis tout d'un coup, j'ai eu peur, je ne sais pas pourquoi.
- C'est incroyable de rencontrer quelqu'un et de démarrer sur une forme de non communication.
- Oui, c'est aussi ce que je me disais. Là tout de suite on ne peut pas dire des choses superficielles, enfin pour moi.
- C'est comme si on avait franchi une sorte de danger, à la fois seul et ensemble, sans se connaître.
- Partager sans se connaître sur les sentiers habituels de la rencontre, c'est inhabituel!
- On se connaît plus par le regard.
- Mais qu'est-ce que ça veut dire "se connaître" Philippe, si à un moment donné on se retrouve face à une impasse?
- Oui, je ne sais pas. C'est comme si je découvrais un vide qui se pourrait être immense. Je me sens face à un "je ne sais pas", et là tout de suite, je veux rester avec ça, seulement riche de cette découverte, mais en même temps tout nu.
- Moi aussi. Habituellement dans les rencontres, on se montre sous ses meilleurs jours, là c'est comme si je n'avais rien à montrer, en tout cas pas ce que j'aurais imaginé.
- C'est incroyable cet exercice. Je n'ai aucune idée de là où l'on va. Je ne me sens pas rassuré. Et en plus dire ça devant toi que je ne connais pas, ça en rajoute.
- Oui, on est dans un rapport homme - femme différent.
- J'ai l'impression que ce jeu est plus difficile face au sexe opposé.
- Parce que l'on est trop dans le paraître...
- Qui sommes-nous vraiment?
- ..."
-"Ne vous précipitez pas, soyez encore proche de l'expérience que vous avez vécu, ressentez et échangez sur cette base. C'est mon conseil, mais vous êtes bien sur libres." dit-elle.
Ils se regardèrent tous les deux un moment.
-"Comment te sens-tu? commença Philippe.
- Je me suis senti forte, et puis tout d'un coup, j'ai eu peur, je ne sais pas pourquoi.
- C'est incroyable de rencontrer quelqu'un et de démarrer sur une forme de non communication.
- Oui, c'est aussi ce que je me disais. Là tout de suite on ne peut pas dire des choses superficielles, enfin pour moi.
- C'est comme si on avait franchi une sorte de danger, à la fois seul et ensemble, sans se connaître.
- Partager sans se connaître sur les sentiers habituels de la rencontre, c'est inhabituel!
- On se connaît plus par le regard.
- Mais qu'est-ce que ça veut dire "se connaître" Philippe, si à un moment donné on se retrouve face à une impasse?
- Oui, je ne sais pas. C'est comme si je découvrais un vide qui se pourrait être immense. Je me sens face à un "je ne sais pas", et là tout de suite, je veux rester avec ça, seulement riche de cette découverte, mais en même temps tout nu.
- Moi aussi. Habituellement dans les rencontres, on se montre sous ses meilleurs jours, là c'est comme si je n'avais rien à montrer, en tout cas pas ce que j'aurais imaginé.
- C'est incroyable cet exercice. Je n'ai aucune idée de là où l'on va. Je ne me sens pas rassuré. Et en plus dire ça devant toi que je ne connais pas, ça en rajoute.
- Oui, on est dans un rapport homme - femme différent.
- J'ai l'impression que ce jeu est plus difficile face au sexe opposé.
- Parce que l'on est trop dans le paraître...
- Qui sommes-nous vraiment?
- ..."
mardi 19 juillet 2011
Plus .. ou moins malin... qu'on pensait!
Compenser...
Se surprendre dans la compensation.
A partir de quand, on compense?
C'est un sujet délicat.
La base c'est que nous sommes des êtres de désir. OK, pas de problèmes! Mais le désir peut nous mener par le bout du nez. C'est déjà à observer. Ensuite il y a plein de petits désirs qu'on ne voit même pas. Par exemple manger un peu plus qu'absolument nécessaire, ou rouler un peu plus vite histoire de sentir le pouvoir et l'ivresse, ou céder à une cigarette de trop (pour ceux qui fument), ou rester un peu plus tard quand on est invité,....
Quand est-ce que le plaisir naturel, mérité, juste, devient compensation, c'est à dire une sorte de fuite?
Par exemple, une déception, un léger ennui se fait sentir, ou même un moment de blues, de mal être... Qu'est-ce qui se passe? Que fait-on? Sommes nous conscients de comment on va faire passer ce passage délicat en attente d'un "ça va mieux". Direction le chocolat, un petit remontant, la revue facile et superficielle, Internet, un achat de plus mais pas vraiment utile... Tellement de moyens dans notre panoplie de survie. Ou appeler un ami et s'épancher (ce qui peut être aussi la solution), ou dormir un peu trop...
Voit-on vraiment ce qui se passe? Ne serait-ce que prendre un verre et demi de jus de fruit alors qu'un seul nous a déjà désaltéré.
Parfois on ne peut s'empêcher tellement cela semble salutaire. Et il n'y a pas de problèmes! C'est juste de voir qui est dans l'action au moment où elle se fait, puis de jauger.
Est-ce que la prochaine fois je saurais gérer l'automatisme?
La prochaine fois je vivrais ce petit mal être jusqu'au bout sans rien faire. Ou je compenserais en le voyant vraiment, mais sans me faire déborder.
Un peu moins chaque fois...
Cela n'empêche pas de faire un grand écart de temps en temps, pendant les vacances par exemple.
Gérer l'équilibre c'est pas facile vraiment. Pas aussi facile qu'on pensait en tous les cas (oui je sais elle est facile!)...
Se surprendre dans la compensation.
A partir de quand, on compense?
C'est un sujet délicat.
La base c'est que nous sommes des êtres de désir. OK, pas de problèmes! Mais le désir peut nous mener par le bout du nez. C'est déjà à observer. Ensuite il y a plein de petits désirs qu'on ne voit même pas. Par exemple manger un peu plus qu'absolument nécessaire, ou rouler un peu plus vite histoire de sentir le pouvoir et l'ivresse, ou céder à une cigarette de trop (pour ceux qui fument), ou rester un peu plus tard quand on est invité,....
Quand est-ce que le plaisir naturel, mérité, juste, devient compensation, c'est à dire une sorte de fuite?
Par exemple, une déception, un léger ennui se fait sentir, ou même un moment de blues, de mal être... Qu'est-ce qui se passe? Que fait-on? Sommes nous conscients de comment on va faire passer ce passage délicat en attente d'un "ça va mieux". Direction le chocolat, un petit remontant, la revue facile et superficielle, Internet, un achat de plus mais pas vraiment utile... Tellement de moyens dans notre panoplie de survie. Ou appeler un ami et s'épancher (ce qui peut être aussi la solution), ou dormir un peu trop...
Voit-on vraiment ce qui se passe? Ne serait-ce que prendre un verre et demi de jus de fruit alors qu'un seul nous a déjà désaltéré.
Parfois on ne peut s'empêcher tellement cela semble salutaire. Et il n'y a pas de problèmes! C'est juste de voir qui est dans l'action au moment où elle se fait, puis de jauger.
Est-ce que la prochaine fois je saurais gérer l'automatisme?
La prochaine fois je vivrais ce petit mal être jusqu'au bout sans rien faire. Ou je compenserais en le voyant vraiment, mais sans me faire déborder.
Un peu moins chaque fois...
Cela n'empêche pas de faire un grand écart de temps en temps, pendant les vacances par exemple.
Gérer l'équilibre c'est pas facile vraiment. Pas aussi facile qu'on pensait en tous les cas (oui je sais elle est facile!)...
lundi 18 juillet 2011
Les deux amis
Après que le gong eut retenti, les nouvelles directives se firent entendre :
-"Vous ne parlez pas, on va inverser les rôles. Vous vous regardez deux minutes et on recommence la question."
Philippe, qui se sentait un peu bousculé, se dit que cette fois ce sera plus tranquille pour lui. Il regardait Nathalie avec un oeil nouveau. Elle avait l'air calme. Qu'allait-elle répondre? Certes au second tour, ceux qui allaient répondre avaient l'expérience du premier tour.
Jamais il n'avait regardé quelqu'un aussi longtemps, sans lever les yeux. A force de regarder on ne voit plus les mêmes choses qu'au début. On voit des détails bien sur, mais surtout c'est l'impression que tout se cache derrière les yeux, toute la personne est là. "Le regard est le miroir de l'âme:" Comme c'est vrai, se dit-il.
Percevoir l'âme de quelqu'un, c'est tout simplement fantastique. Ne plus être voyeur, comme la plupart du temps, mais voyant, c'est à dire contempler l'au delà des apparences.
-"Qui es-tu?" commença Philippe.
-"J'essaie d'être moi même!" répondit Nathalie.
Il attendit, puis reposa : "Qui es-tu?"
-"Un femme, je me sens une femme. Ce qu'un homme ne saura jamais ce que c'est..."
-"Oui, mais qui es-tu?"
-"Je suis quelqu'un qui veut vivre, vraiment vivre, vivre jusqu'au bout. Là je me sens vivante, et je veux vivre cette intensité le plus souvent possible. Je ne me satisfais pas de la banalité ordinaire. Je veux vibrer, je suis dans cette demande."
Philippe attendit, un peu troublé par ce genre de réponse, à la fois profonde, sincère, et impersonnelle.
-"Qui es-tu?"
-" Je te l'ai dit, et j'ai tout dit, le reste n'a aucune importance."
- "Qui es-tu?"
- ...
- "Qui es-tu?"
- "Je sais qui je suis, je suis ça!"
- "Qui es-tu?"
- "J'ai tout dit, Philippe..."
- "S'il te plait, qui es-tu?" répondit-il doucement.
- ...
Il la regarda intensément, ne sachant plus s'il devait continuer à poser cette foutue question. Au bout d'un moment de silence, alors qu'il allait reposer la question, elle se mit à pleurer par à coups. Il ne s'attendait pas à ça. Elle avait l'air d'assumer. Il eut envie de la consoler. Que faire, que dire? Isabelle passa à côté et tendit un mouchoir en papier. Nathalie le prit. Isabelle ajouta :"Arrêtez l'exercice, restez en silence."
-"Vous ne parlez pas, on va inverser les rôles. Vous vous regardez deux minutes et on recommence la question."
Philippe, qui se sentait un peu bousculé, se dit que cette fois ce sera plus tranquille pour lui. Il regardait Nathalie avec un oeil nouveau. Elle avait l'air calme. Qu'allait-elle répondre? Certes au second tour, ceux qui allaient répondre avaient l'expérience du premier tour.
Jamais il n'avait regardé quelqu'un aussi longtemps, sans lever les yeux. A force de regarder on ne voit plus les mêmes choses qu'au début. On voit des détails bien sur, mais surtout c'est l'impression que tout se cache derrière les yeux, toute la personne est là. "Le regard est le miroir de l'âme:" Comme c'est vrai, se dit-il.
Percevoir l'âme de quelqu'un, c'est tout simplement fantastique. Ne plus être voyeur, comme la plupart du temps, mais voyant, c'est à dire contempler l'au delà des apparences.
-"Qui es-tu?" commença Philippe.
-"J'essaie d'être moi même!" répondit Nathalie.
Il attendit, puis reposa : "Qui es-tu?"
-"Un femme, je me sens une femme. Ce qu'un homme ne saura jamais ce que c'est..."
-"Oui, mais qui es-tu?"
-"Je suis quelqu'un qui veut vivre, vraiment vivre, vivre jusqu'au bout. Là je me sens vivante, et je veux vivre cette intensité le plus souvent possible. Je ne me satisfais pas de la banalité ordinaire. Je veux vibrer, je suis dans cette demande."
Philippe attendit, un peu troublé par ce genre de réponse, à la fois profonde, sincère, et impersonnelle.
-"Qui es-tu?"
-" Je te l'ai dit, et j'ai tout dit, le reste n'a aucune importance."
- "Qui es-tu?"
- ...
- "Qui es-tu?"
- "Je sais qui je suis, je suis ça!"
- "Qui es-tu?"
- "J'ai tout dit, Philippe..."
- "S'il te plait, qui es-tu?" répondit-il doucement.
- ...
Il la regarda intensément, ne sachant plus s'il devait continuer à poser cette foutue question. Au bout d'un moment de silence, alors qu'il allait reposer la question, elle se mit à pleurer par à coups. Il ne s'attendait pas à ça. Elle avait l'air d'assumer. Il eut envie de la consoler. Que faire, que dire? Isabelle passa à côté et tendit un mouchoir en papier. Nathalie le prit. Isabelle ajouta :"Arrêtez l'exercice, restez en silence."
dimanche 17 juillet 2011
samedi 16 juillet 2011
S'il vous plait
Avant hier sur un parking, une femme habillée en blanc, assez maigre, le visage prématurément vieilli sans doute par la souffrance, m'aborde en me disant : "Je vis dans une voiture avec ma fille, auriez-vous une pièce à me donner pour manger?" Ayant pour une fois quelques pièces dans mon porte monnaie, je le sortis et lui donnais 2 euros. Elle me remercia vivement, n'attendant peut être pas autant, au vu des quelques pièces jaunes qu'il y avait dans le creux de sa main.
Dans ma tête, me remontait le souvenir de quelques temps passés avec une femme ermite en Inde il y a 30 ans. On faisait le marché ensemble dans les rues encombrées de Tiruvanamalaï au pied d'Arunachala, où elle vivait dans une hutte. A un moment, une femme en haillon tendit la main avec ce regard implorant typique des professionnels de la mendicité. Elle sortit de dessous son sari une pièce et lui donna.
Elle m'expliqua ensuite comment elle faisait par rapport aux mendiants innombrables en Inde.
Je ne peux pas donner à chacun. D'abord il se peut que je n'ai pas d'argent, ou pas assez (elle vivait d'une maigre retraite et de dons). Ensuite je peux être pressée ou prise pour une raison quelconque, ou le contexte ne pas s'y prêter. Mais quand je peux donner, alors je prend mon temps et donne vraiment.
Presque chaque fois qu'une main se tend à mon encontre, je pense à elle qui m'a aidé dans mon cheminement pendant quelques semaines, et à ce qu'elle m'a dit ce jour là, dans la rue d'un marché.
Ayant acheté quelques gâteries pour une personne de passage, je m'en revenais vers la voiture. C'est alors que je revis cette femme prête à me redemander à nouveau. Me reconnaissant, elle m'adressa un sourire en me remerciant à nouveau. Je lui fis un signe de la tête.
J'imaginais la vie dans une voiture. Je sais que ça existe. C'est la première fois qu'une personne me disait ça.
Il y a des feux, des crosiemenst, où l'on retrouve toujours les mêmes personnes à tendre la main, depuis des années. Certains des vrais, d'autres peut être exploités dans un système terrible. Des regards comme on n'en voit pas dans les magazines ou sur les publicités. De tout temps et partout, l'homme oublié demande à l'homme repu.
Je me souviens enfant, on en voyait à la sortie des églises le dimanche matin. Je ne me souviens pas avoir vu mes parents donner. Je comprenais bien que ces clochards imaginaient tester la mise en actes de ceux qui, endimanchés, sortaient de l'église nourris de la parole divine. Effectivement cela avait l'air de marcher. C'était le seul endroit où j'ai vu des clochards à cette époque.
Aujourd'hui c'est monnaie courante (j'espère que ça vous fait rire)!
Dans ma tête, me remontait le souvenir de quelques temps passés avec une femme ermite en Inde il y a 30 ans. On faisait le marché ensemble dans les rues encombrées de Tiruvanamalaï au pied d'Arunachala, où elle vivait dans une hutte. A un moment, une femme en haillon tendit la main avec ce regard implorant typique des professionnels de la mendicité. Elle sortit de dessous son sari une pièce et lui donna.
Elle m'expliqua ensuite comment elle faisait par rapport aux mendiants innombrables en Inde.
Je ne peux pas donner à chacun. D'abord il se peut que je n'ai pas d'argent, ou pas assez (elle vivait d'une maigre retraite et de dons). Ensuite je peux être pressée ou prise pour une raison quelconque, ou le contexte ne pas s'y prêter. Mais quand je peux donner, alors je prend mon temps et donne vraiment.
Presque chaque fois qu'une main se tend à mon encontre, je pense à elle qui m'a aidé dans mon cheminement pendant quelques semaines, et à ce qu'elle m'a dit ce jour là, dans la rue d'un marché.
Ayant acheté quelques gâteries pour une personne de passage, je m'en revenais vers la voiture. C'est alors que je revis cette femme prête à me redemander à nouveau. Me reconnaissant, elle m'adressa un sourire en me remerciant à nouveau. Je lui fis un signe de la tête.
J'imaginais la vie dans une voiture. Je sais que ça existe. C'est la première fois qu'une personne me disait ça.
Il y a des feux, des crosiemenst, où l'on retrouve toujours les mêmes personnes à tendre la main, depuis des années. Certains des vrais, d'autres peut être exploités dans un système terrible. Des regards comme on n'en voit pas dans les magazines ou sur les publicités. De tout temps et partout, l'homme oublié demande à l'homme repu.
Je me souviens enfant, on en voyait à la sortie des églises le dimanche matin. Je ne me souviens pas avoir vu mes parents donner. Je comprenais bien que ces clochards imaginaient tester la mise en actes de ceux qui, endimanchés, sortaient de l'église nourris de la parole divine. Effectivement cela avait l'air de marcher. C'était le seul endroit où j'ai vu des clochards à cette époque.
Aujourd'hui c'est monnaie courante (j'espère que ça vous fait rire)!
vendredi 15 juillet 2011
Les deux amis
Quoique je réponde, elle posera cette foutue question, se dit Philippe, soit il n'y a pas de réponse, soit je ne la connais pas...
-"Qui es-tu?" reposa Nathalie.
Philippe baissa les yeux, et dit tout haut : "Oui, qui suis-je finalement?"
Dans sa tête, Nathalie ne faisait pas que poser la question, elle voyait bien qu'une fois passées les premières réponses, la qusetion résonnait différemment pour Philippe, et du coup pour elle aussi. Elle ne cherchait pas â se situer en juste poseuse de question, car ce qui se jouait en filigrane la touchait.
Il releva la tête, la regarda simplement, et dit : "Je ne sais pas!" puis après un temps, ajouta : "Je ne sais pas qui je suis."
Nathalie sentit son malaise, et à l'écoute de ce qu'il vivait, ne posa plus la question.
Il rehaussa la tête, pensif, un peu ébranlé.
- "Qui es-tu?" entendit-il encore une fois. Il ne répondit pas.
Dans la salle l'ambiance avait changé, certains continuaient de répondre, d'autres ne disaient plus rien, d'autres disaient aussi : "je ne sais pas"...
Ceux qui se taisaient devaient sans doute influencer le reste, car petit à petit, les paroles se firent rares.
C'est alors que le gong retentit.
-"Qui es-tu?" reposa Nathalie.
Philippe baissa les yeux, et dit tout haut : "Oui, qui suis-je finalement?"
Dans sa tête, Nathalie ne faisait pas que poser la question, elle voyait bien qu'une fois passées les premières réponses, la qusetion résonnait différemment pour Philippe, et du coup pour elle aussi. Elle ne cherchait pas â se situer en juste poseuse de question, car ce qui se jouait en filigrane la touchait.
Il releva la tête, la regarda simplement, et dit : "Je ne sais pas!" puis après un temps, ajouta : "Je ne sais pas qui je suis."
Nathalie sentit son malaise, et à l'écoute de ce qu'il vivait, ne posa plus la question.
Il rehaussa la tête, pensif, un peu ébranlé.
- "Qui es-tu?" entendit-il encore une fois. Il ne répondit pas.
Dans la salle l'ambiance avait changé, certains continuaient de répondre, d'autres ne disaient plus rien, d'autres disaient aussi : "je ne sais pas"...
Ceux qui se taisaient devaient sans doute influencer le reste, car petit à petit, les paroles se firent rares.
C'est alors que le gong retentit.
mercredi 13 juillet 2011
Les deux amis
Les couples se regardaient en silence.
Se regarder dans les yeux, sans fuir le regard de l'autre, est déjà un exercice en soi.
Que regarde t-on vraiment, les yeux juste, la qualité du regard, le visage? C'est très intime.
Philippe découvrait ce genre d'exercice. Il sentait une attention aigue comme il n'en avait pas l'habitude. Il essayait de ne pas la quitter des yeux. Il sentait bien que s'il n'y avait pas eu de consigne stricte, son regard serait déjà parti ailleurs, éparpillé. Il voulait faire l'exercice le plus justement possible, ne pas tricher.
Au bout d'un moment Isabelle lança la question. Dans toute la salle retentirent alors des : "Qui es-tu?" et les réponses fusèrent.
Nathalie demanda doucement à Philippe : "Qui es-tu?" Il prit cela comme une invitation à se présenter.
-"Je m'appelle Philippe, j'ai 22 ans, je suis étudiant en art plastique" répondit-il.
-"Qui es-tu?"
- "J'aime dessiner et peindre. J'aime la nature. J'aime le calme, m'arrêter dans un bel endroit, et regarder..."
- "Qui es-tu?"
- "Je me pose des questions sur le sens de la vie..."
Un silence s'installa. On pouvait entendre les questions, toujours les mêmes, et les réponses, toutes diverses.
Philippe se demandait ce qu'il pouvait dire de plus.
-"Qui es-tu?"
- "Philippe, célibataire, et pas beaucoup d'amis... Je ne sais pas ce que je veux vraiment..."
-"Qui es-tu?"
- ...
Là, Philippe se dit qu'il n'allait pas répéter dix fois la même chose. Il chercha la réponse qui pourrait clore cette question si insolite.
- "J'essaie de me connaître!" finit-il par dire.
Nathalie le regardait calmement. Elle voyait bien qu'elle avait le bon rôle, elles sentait l'embarras naissant chez Philippe. Elle ne voulait pas le brusquer, et du coup sa voix se faisait de plus en plus douce. Philippe entendait bien cette voix plus qu'agréable à son oreille, mais c'était la question qui devenait insupportable.
Dans la salle, on entendait certains dire un peu fort : "Mais je t'ai déjà dit qui j'étais, que veux-tu que je te dise de plus!" L'énervement n'était plus très loin. Tout d'un coup une voix cria : "J'en sais rien!" Et la question revint aussitôt : "Qui es-tu?"
Philippe entendait vraiment ce qui se disait ailleurs. Il voyait bien que tout le monde était plus ou moins acculé au bout d'un moment.
-"Qui es-tu?" demanda Nathalie.
Il la regarda dans les yeux et lui dit : "Tu as une jolie voix!"
Nathalie ne s'attendait pas à ça, et sous le coup de l'émotion naissante répondit : "Merci". Elle réalisa aussitôt qu'elle avait quitté l'exercice, et reposa vite la question: "Qui es-tu?"
Philippe la sentit désarçonnée un instant, et la regarda plus intensément.
-"Je suis celui qui te regarde en ce moment!"
Oulà, se dit Nathalie, il a trouvé un truc pour inverser les rôles. Elle repira calmement, le regarda encore plus intensément et dit très lentement : "Qui ...... es ....... tu....... vraiment?"
Se regarder dans les yeux, sans fuir le regard de l'autre, est déjà un exercice en soi.
Que regarde t-on vraiment, les yeux juste, la qualité du regard, le visage? C'est très intime.
Philippe découvrait ce genre d'exercice. Il sentait une attention aigue comme il n'en avait pas l'habitude. Il essayait de ne pas la quitter des yeux. Il sentait bien que s'il n'y avait pas eu de consigne stricte, son regard serait déjà parti ailleurs, éparpillé. Il voulait faire l'exercice le plus justement possible, ne pas tricher.
Au bout d'un moment Isabelle lança la question. Dans toute la salle retentirent alors des : "Qui es-tu?" et les réponses fusèrent.
Nathalie demanda doucement à Philippe : "Qui es-tu?" Il prit cela comme une invitation à se présenter.
-"Je m'appelle Philippe, j'ai 22 ans, je suis étudiant en art plastique" répondit-il.
-"Qui es-tu?"
- "J'aime dessiner et peindre. J'aime la nature. J'aime le calme, m'arrêter dans un bel endroit, et regarder..."
- "Qui es-tu?"
- "Je me pose des questions sur le sens de la vie..."
Un silence s'installa. On pouvait entendre les questions, toujours les mêmes, et les réponses, toutes diverses.
Philippe se demandait ce qu'il pouvait dire de plus.
-"Qui es-tu?"
- "Philippe, célibataire, et pas beaucoup d'amis... Je ne sais pas ce que je veux vraiment..."
-"Qui es-tu?"
- ...
Là, Philippe se dit qu'il n'allait pas répéter dix fois la même chose. Il chercha la réponse qui pourrait clore cette question si insolite.
- "J'essaie de me connaître!" finit-il par dire.
Nathalie le regardait calmement. Elle voyait bien qu'elle avait le bon rôle, elles sentait l'embarras naissant chez Philippe. Elle ne voulait pas le brusquer, et du coup sa voix se faisait de plus en plus douce. Philippe entendait bien cette voix plus qu'agréable à son oreille, mais c'était la question qui devenait insupportable.
Dans la salle, on entendait certains dire un peu fort : "Mais je t'ai déjà dit qui j'étais, que veux-tu que je te dise de plus!" L'énervement n'était plus très loin. Tout d'un coup une voix cria : "J'en sais rien!" Et la question revint aussitôt : "Qui es-tu?"
Philippe entendait vraiment ce qui se disait ailleurs. Il voyait bien que tout le monde était plus ou moins acculé au bout d'un moment.
-"Qui es-tu?" demanda Nathalie.
Il la regarda dans les yeux et lui dit : "Tu as une jolie voix!"
Nathalie ne s'attendait pas à ça, et sous le coup de l'émotion naissante répondit : "Merci". Elle réalisa aussitôt qu'elle avait quitté l'exercice, et reposa vite la question: "Qui es-tu?"
Philippe la sentit désarçonnée un instant, et la regarda plus intensément.
-"Je suis celui qui te regarde en ce moment!"
Oulà, se dit Nathalie, il a trouvé un truc pour inverser les rôles. Elle repira calmement, le regarda encore plus intensément et dit très lentement : "Qui ...... es ....... tu....... vraiment?"
mardi 12 juillet 2011
Les deux amis
Le jour du stage arriva. Philippe avait peu dormi, excité à l'idée que quelque chose de fort pouvait se passer. En même temps, comme pour un départ en vacances, il sentait une telle énergie que les heures manquantes de sommeil ne l'affectaient pas.
Il retrouva quelques têtes qu'il avait pu remarquer à la conférence. La personne qui croyait tout décider de sa vie n'était pas là, par contre son amie, oui. Ceux qui disaient être arrivés à la conférence complètement par hasard étaient là. Il checha des yeux la jeune femme avec qui il avait parlé, mais ne la trouva pas. Il sentit une petite déception monter.
Les personnes rentrèrent dans la salle et s'assirent par terre sur des tapis. La conférencière, qui se nommait Isabelle, commença à expliquer les modalités pratiques. Un bruit de porte par derrière, c'était la personne que Philippe espérait retrouver.
- " Je vais vous proposer un jeu, commença Isabelle, un jeu à propos du je! Vous allez travailler deux par deux, mais sans vous choisir, ni vous connaître."
Elle fit mettre en cercle les personnes qui se connaissaient déjà. Puis, autour, les autres en s'arrangeant pour que leur nombre soit équivalent. Elle demanda aux personnes de fermer les yeux, de se donner la main, puis de tourner dans un sens.
- "Ouvrez les yeux, vous avez en face de vous quelqu'un que vous ne connaissez pas. Vous allez maintenant vous répartir dans la pièce avec cette personne, de façon à laisser un peu d'espace entre chaque couple formé."
Les personnes bougèrent et trouvèrent chacunes leur espace.
-"Asseyez-vous face à face, assez proches. Vous allez vous regarder d'abord en silence pendant deux minutes. Ensuite il y en a un qui va commencer et poser une seule question à son compagnon : "Qui es-tu?"
L'autre va alors répondre. Quand il aura fini, le premier va reposer la même question. Il reposera cette question autant de fois qu'il voudra jusqu'à la fin de l'exercice. L'autre répond à cette question ce qu'il veut, ce qu'il sent. Je donnerais le moment de fin avec ce gong. Ne me posez pas de questions car je n'ai rien de plus à vous dire. Ceux qui sont vers le mur extérieur posent la question."
En ouvrant les yeux, Philippe se retrouva en face de la femme avec qui il avait parlé. Ils se sourirent. Elle était du côté extérieur. Le coup de gong retentit. Le bruit se transforma en vibration et emplit le silence...
Il retrouva quelques têtes qu'il avait pu remarquer à la conférence. La personne qui croyait tout décider de sa vie n'était pas là, par contre son amie, oui. Ceux qui disaient être arrivés à la conférence complètement par hasard étaient là. Il checha des yeux la jeune femme avec qui il avait parlé, mais ne la trouva pas. Il sentit une petite déception monter.
Les personnes rentrèrent dans la salle et s'assirent par terre sur des tapis. La conférencière, qui se nommait Isabelle, commença à expliquer les modalités pratiques. Un bruit de porte par derrière, c'était la personne que Philippe espérait retrouver.
- " Je vais vous proposer un jeu, commença Isabelle, un jeu à propos du je! Vous allez travailler deux par deux, mais sans vous choisir, ni vous connaître."
Elle fit mettre en cercle les personnes qui se connaissaient déjà. Puis, autour, les autres en s'arrangeant pour que leur nombre soit équivalent. Elle demanda aux personnes de fermer les yeux, de se donner la main, puis de tourner dans un sens.
- "Ouvrez les yeux, vous avez en face de vous quelqu'un que vous ne connaissez pas. Vous allez maintenant vous répartir dans la pièce avec cette personne, de façon à laisser un peu d'espace entre chaque couple formé."
Les personnes bougèrent et trouvèrent chacunes leur espace.
-"Asseyez-vous face à face, assez proches. Vous allez vous regarder d'abord en silence pendant deux minutes. Ensuite il y en a un qui va commencer et poser une seule question à son compagnon : "Qui es-tu?"
L'autre va alors répondre. Quand il aura fini, le premier va reposer la même question. Il reposera cette question autant de fois qu'il voudra jusqu'à la fin de l'exercice. L'autre répond à cette question ce qu'il veut, ce qu'il sent. Je donnerais le moment de fin avec ce gong. Ne me posez pas de questions car je n'ai rien de plus à vous dire. Ceux qui sont vers le mur extérieur posent la question."
En ouvrant les yeux, Philippe se retrouva en face de la femme avec qui il avait parlé. Ils se sourirent. Elle était du côté extérieur. Le coup de gong retentit. Le bruit se transforma en vibration et emplit le silence...
lundi 11 juillet 2011
Le doigt d'or
Un jour du temps passé, dans l'ancienne Chine, un ermite un peu magicien reçut la visite d'un ami de jeunesse, nommé Siang Jou. Le saint moine vivait depuis de nombreuses années au coeur de la montagne profonde, aussi accueillit-il son ami avec effusion et joie. Il lui offrit le repas et un abri pour la nuit.
Le lendemain il lui dit :
"Siang Jou, en souvenir de nos jeunes années, je veux te donner un cadeau."
Et pointant son doigt sur une grosse pierre, il la transforma en un bloc d'or pur. Au lieu de se réjouir, son ami gardait l'air maussade. Il ne le remercia même pas :
"Moine Wei, fit-il, j'ai fait une longue route pour venir jusqu'à toi au coeur de la montagne profonde. Pourquoi me contenterais-je d'un petit bloc d'or pur?"
L'ermite, désireux de faire plaisir à son ami de jeunesse, pointa alors son doigt sur un énorme rocher, et le transforma en un bloc d'or pur.
"J'espère que tu es satisfait, dit-il en riant, et que ton âne pourra le transporter!"
Mais Siang Jou ne souriait pas, il conservait son air maussade.
"Que désires-tu donc?" demanda le moine.
Alors Siang Jou, son ami de jeunesse, sortit le grand couteau qu'il portait à la ceinture,
"Ce que je veux, dit-il, c'est le doigt."
Le lendemain il lui dit :
"Siang Jou, en souvenir de nos jeunes années, je veux te donner un cadeau."
Et pointant son doigt sur une grosse pierre, il la transforma en un bloc d'or pur. Au lieu de se réjouir, son ami gardait l'air maussade. Il ne le remercia même pas :
"Moine Wei, fit-il, j'ai fait une longue route pour venir jusqu'à toi au coeur de la montagne profonde. Pourquoi me contenterais-je d'un petit bloc d'or pur?"
L'ermite, désireux de faire plaisir à son ami de jeunesse, pointa alors son doigt sur un énorme rocher, et le transforma en un bloc d'or pur.
"J'espère que tu es satisfait, dit-il en riant, et que ton âne pourra le transporter!"
Mais Siang Jou ne souriait pas, il conservait son air maussade.
"Que désires-tu donc?" demanda le moine.
Alors Siang Jou, son ami de jeunesse, sortit le grand couteau qu'il portait à la ceinture,
"Ce que je veux, dit-il, c'est le doigt."
dimanche 10 juillet 2011
vendredi 8 juillet 2011
Avant l'éveil!
J'ai déjà entendu dire que lorsque l'on s'approchait de l'éveil, la vie nous secouait pas mal. Par exemple : maladie, séparation, accident, rejet... Histoire de tester, ou d'envoyer une dernière grosse purification. Pour le vérifier, il faudrait faire une vraie étude pour en tirer des conclusions objectives.
Il y a bien des cas cependant où cela s'est passé ainsi, voire même en prison, ou avec une prostituée...
Il y a aussi des personnes dont la vie a sensiblement basculé après.
On pourrait aisément imaginer que c'est assez logique.
Il y a plusieurs niveaux d'éveil (c'est dit, reconnu, je n'invente rien), par exemple le fait d'intégrer en profondeur l'enseignement qui fait qu'effectivement on ne perçoit plus la vie de la même façon, ou de vivre une expérience telle qu'une marque indélébile va rester, et puis sans doute le moment où ça bascule vraiment, où un point de non retour a été franchi...
Pour certains cela s'est passé progressivement, dans un lieu retiré, d'autres ont été complètement surpris dans leur quotidien, cela leur est tombé dessus apparemment. Je crois intimement que cela tombe, qu'il y a une sorte de rupture, un avant et un après.
Que peut-on en retirer pour soi même?
Si vraiment nous sommes attirés par le grand but, hantés par ça, alors on a fait notre que "tout est la volonté de Dieu". Quoiqu'il arrive, c'est pour notre "bien" en quelque sorte, que ce soit un accident, une maladie, une rupture, une perte d'être cher, ou plus de travail.
On ne peut effectivement pas s'appuyer sur le fait que cela va nous tomber dessus sans avoir été éprouvé par la vie. Cela ne veut pas dire non plus qu'il faut connaître beaucoup d'épreuves pour s'en approcher. Mais les épreuves sont bien une marque de parcours, un test grandeur nature. Une énorme remise en cause.
Que reste t-il quand tout s'écroule?
D'un autre côté les retraites peuvent être une telle confrontation avec soi même, une telle rencontre avec le silence, qu'un réel dépouillement s'opère, comme la rencontre avec un sage dont le regard vous transperce jusqu'au coeur.
Et si cela ne vient jamais, d'accord!
Et s'il faut un tremblement de terre, d'accord!
Quoiqu'il arrive soyons prêt...
Il y a bien des cas cependant où cela s'est passé ainsi, voire même en prison, ou avec une prostituée...
Il y a aussi des personnes dont la vie a sensiblement basculé après.
On pourrait aisément imaginer que c'est assez logique.
Il y a plusieurs niveaux d'éveil (c'est dit, reconnu, je n'invente rien), par exemple le fait d'intégrer en profondeur l'enseignement qui fait qu'effectivement on ne perçoit plus la vie de la même façon, ou de vivre une expérience telle qu'une marque indélébile va rester, et puis sans doute le moment où ça bascule vraiment, où un point de non retour a été franchi...
Pour certains cela s'est passé progressivement, dans un lieu retiré, d'autres ont été complètement surpris dans leur quotidien, cela leur est tombé dessus apparemment. Je crois intimement que cela tombe, qu'il y a une sorte de rupture, un avant et un après.
Que peut-on en retirer pour soi même?
Si vraiment nous sommes attirés par le grand but, hantés par ça, alors on a fait notre que "tout est la volonté de Dieu". Quoiqu'il arrive, c'est pour notre "bien" en quelque sorte, que ce soit un accident, une maladie, une rupture, une perte d'être cher, ou plus de travail.
On ne peut effectivement pas s'appuyer sur le fait que cela va nous tomber dessus sans avoir été éprouvé par la vie. Cela ne veut pas dire non plus qu'il faut connaître beaucoup d'épreuves pour s'en approcher. Mais les épreuves sont bien une marque de parcours, un test grandeur nature. Une énorme remise en cause.
Que reste t-il quand tout s'écroule?
D'un autre côté les retraites peuvent être une telle confrontation avec soi même, une telle rencontre avec le silence, qu'un réel dépouillement s'opère, comme la rencontre avec un sage dont le regard vous transperce jusqu'au coeur.
Et si cela ne vient jamais, d'accord!
Et s'il faut un tremblement de terre, d'accord!
Quoiqu'il arrive soyons prêt...
jeudi 7 juillet 2011
Agir et penser
Quand on est dans l'action, pense t-on?
En général, non!
Il faut quand même y regarder de près : tout dépend du type d'action, si on y est habitué, si cela devient machinal...
Il est bien évident que l'on peut conduire en étant ailleurs, jardiner en ressassant ses histoires, et laver la vaisselle en pensant à autre chose. Mais des actions qui engagent le physique ont tendance à faire taire les habitudes mentales. Il faut s'y engager un certain temps pour le constater.
Ce n'est pas la même chose d'une activité plus cérébrale.
Quand il n'y a pas de pensées, ou très peu, ou celles indispensables à l'activité que l'on mène, que peut-on constater (après coup)? Qu'il n'y avait plus de questions, plus de problèmes, plus de peurs. Plus personne finalement, plus d'âge, plus d'apparence...
Alors?
En pratiquant la vigilance, on peut s'en apercevoir simultanément.
Découvrir qu'il n'y a rien d'autre, que la vie se suffit à elle même.
Et lorsque les pensées discursives reviennent, les voir et les laisser passer. Cela est aussi une activité. Une activité sacrée même.
Cela rejoint la célèbre phrase de Swami Prajnanpad :
En général, non!
Il faut quand même y regarder de près : tout dépend du type d'action, si on y est habitué, si cela devient machinal...
Il est bien évident que l'on peut conduire en étant ailleurs, jardiner en ressassant ses histoires, et laver la vaisselle en pensant à autre chose. Mais des actions qui engagent le physique ont tendance à faire taire les habitudes mentales. Il faut s'y engager un certain temps pour le constater.
Ce n'est pas la même chose d'une activité plus cérébrale.
Quand il n'y a pas de pensées, ou très peu, ou celles indispensables à l'activité que l'on mène, que peut-on constater (après coup)? Qu'il n'y avait plus de questions, plus de problèmes, plus de peurs. Plus personne finalement, plus d'âge, plus d'apparence...
Alors?
En pratiquant la vigilance, on peut s'en apercevoir simultanément.
Découvrir qu'il n'y a rien d'autre, que la vie se suffit à elle même.
Et lorsque les pensées discursives reviennent, les voir et les laisser passer. Cela est aussi une activité. Une activité sacrée même.
Cela rejoint la célèbre phrase de Swami Prajnanpad :
Etre activement passif, être passivement actif.
mercredi 6 juillet 2011
A propos de l'âge
Le but du chemin c'est de fréquenter l'éternel présent. Dans la présence il n'y a plus de temps, puisque pas de durée, et donc plus d'âge.
L'âge est une somme qui ne peut que s'allonger. Le présent ne peut se comparer à quoique ce soit.
Je pourrais continuer les belles phrases, mais quelle est ma réalité, qu'est-ce que je vis vraiment?
C'est bien évident qu'en vieillissant on découvre que l'on s'approche du poteau indicateur de la mort. Que l'on se pose alors peut être plus souvent la question de l'accomplissement de sa vie, de la réalisation ou pas de ses grands désirs.
Ce que j'ai découvert, c'est que si cela est bien sur important de ne pas se sentir frustré, ce n'est pas d'avoir réalisé l'ensemble de ses désirs (en considérant que c'est possible) qui comble définitivement et apaise notre esprit.
C'est une globalité. La paix se cultive. Suis-je bien avec ce que je suis, avec ce que j'ai fait? Est-ce que j'accepte vraiment qu'il ne pouvait en être autrement jusque là? L'acceptation de plus en plus encrée, profonde, crée un état qui est plus essentiel que d'éventuels regrets ou peurs vis à vis du passé ou du futur.
Ce qui devient progressivement de l'ordre de l'être n'est plus concerné par des identifications successives.
Dans l'acceptation totale, on ne peut demander autre chose. On ne peut vouloir faire le jeune alors que l'on a plus que dépassé l'âge. On ne peut vouloir courir comme un lapin alors qu'on a mal aux genoux en montant un escalier.
Devenir près de soi même, c'est ne plus être dans la dépendance de ce qui nous tire vers l'extérieur, c'est petit à petit se suffire du présent.
On revient bien à la philosophie de l'apprendre à mourir, qui se commence dès que possible.
Tout n'est qu'entrainement et habitude. A quoi s'entraine t-on vraiment?
Le mental ne fait que suivre. Vers quoi le guide t-on?
Alors dans ce corps vieillissant, qui domine ? Les pensées, ou un esprit apaisé qui regarde la vie se dérouler?
Tout passe, inéluctablement, sauf l'éternel présent.
Le seul but devient le tout de suite. Le sans âge.
L'âge est une somme qui ne peut que s'allonger. Le présent ne peut se comparer à quoique ce soit.
Je pourrais continuer les belles phrases, mais quelle est ma réalité, qu'est-ce que je vis vraiment?
C'est bien évident qu'en vieillissant on découvre que l'on s'approche du poteau indicateur de la mort. Que l'on se pose alors peut être plus souvent la question de l'accomplissement de sa vie, de la réalisation ou pas de ses grands désirs.
Ce que j'ai découvert, c'est que si cela est bien sur important de ne pas se sentir frustré, ce n'est pas d'avoir réalisé l'ensemble de ses désirs (en considérant que c'est possible) qui comble définitivement et apaise notre esprit.
C'est une globalité. La paix se cultive. Suis-je bien avec ce que je suis, avec ce que j'ai fait? Est-ce que j'accepte vraiment qu'il ne pouvait en être autrement jusque là? L'acceptation de plus en plus encrée, profonde, crée un état qui est plus essentiel que d'éventuels regrets ou peurs vis à vis du passé ou du futur.
Ce qui devient progressivement de l'ordre de l'être n'est plus concerné par des identifications successives.
Dans l'acceptation totale, on ne peut demander autre chose. On ne peut vouloir faire le jeune alors que l'on a plus que dépassé l'âge. On ne peut vouloir courir comme un lapin alors qu'on a mal aux genoux en montant un escalier.
Devenir près de soi même, c'est ne plus être dans la dépendance de ce qui nous tire vers l'extérieur, c'est petit à petit se suffire du présent.
On revient bien à la philosophie de l'apprendre à mourir, qui se commence dès que possible.
Tout n'est qu'entrainement et habitude. A quoi s'entraine t-on vraiment?
Le mental ne fait que suivre. Vers quoi le guide t-on?
Alors dans ce corps vieillissant, qui domine ? Les pensées, ou un esprit apaisé qui regarde la vie se dérouler?
Tout passe, inéluctablement, sauf l'éternel présent.
Le seul but devient le tout de suite. Le sans âge.
mardi 5 juillet 2011
A propos de l'âge
Il se trouve que du côté de mon père, la famille est nombreuse, très nombreuse : 9 enfants, c'est à dire près de 20 ans entre l'ainé et le dernier. Ensuite il y a les enfants, c'est à dire mes cousins, dont l'âge s'étale aussi sur près de 30 ans. Puis les petits enfants, dont certains sont déjà parents et d'autres bébés. De grandes fêtes exceptionnelles comme celle là frôlent la centaine de personnes, et il en manquait pas mal...
Inutile de chercher à retenir les prénoms!
Ce qui est intéressant, c'est que la plupart ne se voit finalement que tous les un certain nombre d'années, c'est à dire 2, 3, 5, 8 ans, vu les distances et la disponibilité.
Comme je le disais à une cousine : "Nous sommes de la même famille, mais nous sommes des étrangers!"
On constate les changements : des adolescents d'hier sont devenus des parents de famille nombreuse, les grands parents pouponnent, les plus vieux sont devenus vraiment vieux...
L'âge a été l'un des sujets les plus abordés du week end, à mon avis. Ne pas se voir pendant quelques années n'empêchent pas les années de marquer de leur trait les visages.
Quiconque a passé la quarantaine commence à avoir peur de la cinquantaine, puis de la soixantaine, et ainsi de suite... Parlant à un moment avec un cousin, je lui disais que je me sentais tellement mieux dans ma peau qu'il y a quelques années, il me répondit plusieurs fois que "Oui mais quand même, le corps ne répond plus comme avant". Bien sur, mais il n'y a pas que le corps. Oui mais... Je n'ai pas insisté, voyant que pour lui il n'y avait sans doute que le corps, qu'il y était vraiment identifié.
Il ne fut pas le seul à s'identifier au corps, ou à l'âge.
Je ne veux pas faire croire que je suis au delà de ça, car c'est une réalité de plus en plus preignante quand les années se font sentir.
J'ai justement entendu une phrase ce week end, à peu près ceci :
"Il vaut mieux commencer jeune à se voir vieillir, de façon à s'y habituer le plus vite possible!"
Oui aux rides, oui aux cernes, oui aux cheveux blancs, oui au "ce n'est plus possible"...
Quelqu'un m'a dit : "Avec l'âge on ne fait plus de conneries, on s'assagit!' Comme si conneries rime avec jeunesse, et absence de conneries avec sagesse.
C'est très intéressant de vieillir, cela amène forcément une remise en cause de sa vie. Et c'est bien pour cela qu'il faut commencer jeune...
A suivre
Inutile de chercher à retenir les prénoms!
Ce qui est intéressant, c'est que la plupart ne se voit finalement que tous les un certain nombre d'années, c'est à dire 2, 3, 5, 8 ans, vu les distances et la disponibilité.
Comme je le disais à une cousine : "Nous sommes de la même famille, mais nous sommes des étrangers!"
On constate les changements : des adolescents d'hier sont devenus des parents de famille nombreuse, les grands parents pouponnent, les plus vieux sont devenus vraiment vieux...
L'âge a été l'un des sujets les plus abordés du week end, à mon avis. Ne pas se voir pendant quelques années n'empêchent pas les années de marquer de leur trait les visages.
Quiconque a passé la quarantaine commence à avoir peur de la cinquantaine, puis de la soixantaine, et ainsi de suite... Parlant à un moment avec un cousin, je lui disais que je me sentais tellement mieux dans ma peau qu'il y a quelques années, il me répondit plusieurs fois que "Oui mais quand même, le corps ne répond plus comme avant". Bien sur, mais il n'y a pas que le corps. Oui mais... Je n'ai pas insisté, voyant que pour lui il n'y avait sans doute que le corps, qu'il y était vraiment identifié.
Il ne fut pas le seul à s'identifier au corps, ou à l'âge.
Je ne veux pas faire croire que je suis au delà de ça, car c'est une réalité de plus en plus preignante quand les années se font sentir.
J'ai justement entendu une phrase ce week end, à peu près ceci :
"Il vaut mieux commencer jeune à se voir vieillir, de façon à s'y habituer le plus vite possible!"
Oui aux rides, oui aux cernes, oui aux cheveux blancs, oui au "ce n'est plus possible"...
Quelqu'un m'a dit : "Avec l'âge on ne fait plus de conneries, on s'assagit!' Comme si conneries rime avec jeunesse, et absence de conneries avec sagesse.
C'est très intéressant de vieillir, cela amène forcément une remise en cause de sa vie. Et c'est bien pour cela qu'il faut commencer jeune...
A suivre
Les deux amis
A la fin de la conférence, Philippe se dirigea vers la conférencière, déjà entourée de quelques personnes. Elle proposait un week end dont le thème était justement "Qui suis-je?" Intéressé, il s'inscrivit.
Cette femme était discrète, souriante, répondant de façon concise. Il sentait une attirance mystérieuse vers ce qui émanait d'elle, sans pouvoir le nommer.
Tout d'un coup sa vie semblait s'éclairer, car il avait rencontré quelqu'un qui posait des questions fondamentales bien au delà de ce qu'il imaginait. Faut-il découvrir qui l'on est pour trouver un sens à la vie, à sa propre vie? Des pensées traversaient son esprit, et en même temps il se sentait calme. Quelque chose de neuf, à n'en pas douter.
Il avait envie d'aller plus loin, de partager cette découverte avec quelqu'un. A cet instant précis, il croisa le regard d'une femme qui lui sourit. Il répondit, un peu timide. Ce n'est jamais facile de regarder franchement quelqu'un, comme un enfant qui peut nous transpercer du regard alors qu'il ne nous connait pas. Regarder et être regardé, cela s'apprend-il? se demanda t-il intérieurement de façon quasiment inconsciente.
La femme s'approcha et lui demanda :
"- Je me suis inscrite au week end, vous aussi?
- Oui, j'ai vraiment envie d'en savoir plus, enfin ... d'aller plus loin.
- Moi aussi, ce genre de questionnement m'intéresse."
Il avait envie de parler, et en même temps : quoi dire? Comme si après cette conférence, tout pouvait sembler futile très vite.
" - Alors on se verra lors du week end!
- Oui .."
Philippe sortit. Dehors les gens passaient, parlaient, comme dans tous les centres ville. Les terrasses des cafés étaient pleines, la circulation se faisait entendre. Rien n'avait changé, et pourtant tout avait changé.
Il sentait une présence inhabituelle au fond de lui, comme s'il était dans deux mondes à la fois, le sien, et celui extérieur dans lequel apparaissent les autres. Sensation étrange. Même s'il avait déjà ressenti cette impression, c'était plus fort, tout en se disant que d'autres personnes ressentaient peut être la même chose en ce moment. Il était seul, mais pas perdu.
Il se rappela qu'il avait découvert cette conférence quasiment par hasard. Mais alors, comment fonctionne ce monde que l'on croit connaître?
Cette femme était discrète, souriante, répondant de façon concise. Il sentait une attirance mystérieuse vers ce qui émanait d'elle, sans pouvoir le nommer.
Tout d'un coup sa vie semblait s'éclairer, car il avait rencontré quelqu'un qui posait des questions fondamentales bien au delà de ce qu'il imaginait. Faut-il découvrir qui l'on est pour trouver un sens à la vie, à sa propre vie? Des pensées traversaient son esprit, et en même temps il se sentait calme. Quelque chose de neuf, à n'en pas douter.
Il avait envie d'aller plus loin, de partager cette découverte avec quelqu'un. A cet instant précis, il croisa le regard d'une femme qui lui sourit. Il répondit, un peu timide. Ce n'est jamais facile de regarder franchement quelqu'un, comme un enfant qui peut nous transpercer du regard alors qu'il ne nous connait pas. Regarder et être regardé, cela s'apprend-il? se demanda t-il intérieurement de façon quasiment inconsciente.
La femme s'approcha et lui demanda :
"- Je me suis inscrite au week end, vous aussi?
- Oui, j'ai vraiment envie d'en savoir plus, enfin ... d'aller plus loin.
- Moi aussi, ce genre de questionnement m'intéresse."
Il avait envie de parler, et en même temps : quoi dire? Comme si après cette conférence, tout pouvait sembler futile très vite.
" - Alors on se verra lors du week end!
- Oui .."
Philippe sortit. Dehors les gens passaient, parlaient, comme dans tous les centres ville. Les terrasses des cafés étaient pleines, la circulation se faisait entendre. Rien n'avait changé, et pourtant tout avait changé.
Il sentait une présence inhabituelle au fond de lui, comme s'il était dans deux mondes à la fois, le sien, et celui extérieur dans lequel apparaissent les autres. Sensation étrange. Même s'il avait déjà ressenti cette impression, c'était plus fort, tout en se disant que d'autres personnes ressentaient peut être la même chose en ce moment. Il était seul, mais pas perdu.
Il se rappela qu'il avait découvert cette conférence quasiment par hasard. Mais alors, comment fonctionne ce monde que l'on croit connaître?
lundi 4 juillet 2011
Les deux amis
"Regardez objectivement dans votre vie, dans ce qui apparait comme étant des évènements importants, les avez-vous vraiment décidés? Je veux parler du choix d'une relation amoureuse, du mariage, de faire des enfants, de la profession, des études, de vos centres d'intérêt... Avez-vous librement choisi, où est-ce une force à l'intérieur de vous, un élan, qui vous a poussé?
Et vos pensées, les choisissez-vous ou s'imposent-elles? Les rencontres, les amis, qui décide du moment, comment cela arrive-t-il? Décidez-vous le matin que cela va se passer comme ça dans la journée?
Et les questions que vous vous posez, d'où viennent-elles? Avez-vous choisi de vous poser ce genre de questions ou au contraire de ne pas vous les poser?
Si vous sentez que c'est vous qui maîtrisez les choses, êtes-vous à l'aise dans absolument tout? N'avez-vous peur de rien? Etes-vous détendu et souriant quoiqu'il arrive?
Regardez bien au fond de vous même, je ne vous demande pas de répondre tout de suite, ni même ce soir. Regardez avec franchise."
Philippe se pencha sur son parcours, même s'il était jeune, afin de vérifier s'il avait vraiment choisi tout ce qu'il avait vécu. Il se souvint aussitôt qu'il avait été amoureux pendant des années d'une fille à qui il ne s'était jamais déclaré. Il en avait souffert. Il découvrait maintenant qu'il n'avait strictement rien choisi, ni dans cette attirance plus forte que lui, ni dans la souffrance de ce non accomplissement. Il avait l'impression d'avoir choisi ses études dans le domaine de l'art. Mais il dessinait depuis tout petit sans se poser aucune question, cela semblait naturel ensuite de poursuivre. Cela devint alors évident qu'il n'avait pas choisi. Cela partait sans doute d'une facilité, ou de ce que certains appellent un don. Mais alors que choisit-on?
Quelqu'un prit la parole, et posa la question :
" Si on ne choisit pas, si on ne contrôle pas, qui sommes-nous alors, qui agit en nous?"
Personne ne remit en cause la question. Les regards se tournèrent vers la conférencière.
" Oui, c'est une question de fond à laquelle on arrive vite si on est convaincu que l'on ne maîtrise pas grand chose, en tous cas pas autant que l'on aurait imaginé à première vue.
Ces deux questions : "Qui contrôle quoi?" et "Qui sommes-nous?" sont des questions trop fondamentales pour accepter des réponses toutes faites. Il faut arriver à être convaincu qu'il n'y a peut être pas de réponse absolue ou que vous serez pendant un certain temps dans une certaine ignorance. Cela revient à dire : "Je ne sais pas qui contrôle, qui décide, dans ma propre vie, et par suite logique je ne sais pas qui je suis."
Attention, cela comporte un risque, celui de détruire un bon nombre de croyances, enfin de ne pas trouver rapidement la réponse à la question "Qui suis-je?"
Pourtant la vraie réponse ne peut que venir de l'intérieur de vous. Peut être une lecture pourra réveiller une réponse qui ne vous est pas étrangère, vous faire pressentir une direction.
Fondamentalement, c'est La question de la Vie."
Et vos pensées, les choisissez-vous ou s'imposent-elles? Les rencontres, les amis, qui décide du moment, comment cela arrive-t-il? Décidez-vous le matin que cela va se passer comme ça dans la journée?
Et les questions que vous vous posez, d'où viennent-elles? Avez-vous choisi de vous poser ce genre de questions ou au contraire de ne pas vous les poser?
Si vous sentez que c'est vous qui maîtrisez les choses, êtes-vous à l'aise dans absolument tout? N'avez-vous peur de rien? Etes-vous détendu et souriant quoiqu'il arrive?
Regardez bien au fond de vous même, je ne vous demande pas de répondre tout de suite, ni même ce soir. Regardez avec franchise."
Philippe se pencha sur son parcours, même s'il était jeune, afin de vérifier s'il avait vraiment choisi tout ce qu'il avait vécu. Il se souvint aussitôt qu'il avait été amoureux pendant des années d'une fille à qui il ne s'était jamais déclaré. Il en avait souffert. Il découvrait maintenant qu'il n'avait strictement rien choisi, ni dans cette attirance plus forte que lui, ni dans la souffrance de ce non accomplissement. Il avait l'impression d'avoir choisi ses études dans le domaine de l'art. Mais il dessinait depuis tout petit sans se poser aucune question, cela semblait naturel ensuite de poursuivre. Cela devint alors évident qu'il n'avait pas choisi. Cela partait sans doute d'une facilité, ou de ce que certains appellent un don. Mais alors que choisit-on?
Quelqu'un prit la parole, et posa la question :
" Si on ne choisit pas, si on ne contrôle pas, qui sommes-nous alors, qui agit en nous?"
Personne ne remit en cause la question. Les regards se tournèrent vers la conférencière.
" Oui, c'est une question de fond à laquelle on arrive vite si on est convaincu que l'on ne maîtrise pas grand chose, en tous cas pas autant que l'on aurait imaginé à première vue.
Ces deux questions : "Qui contrôle quoi?" et "Qui sommes-nous?" sont des questions trop fondamentales pour accepter des réponses toutes faites. Il faut arriver à être convaincu qu'il n'y a peut être pas de réponse absolue ou que vous serez pendant un certain temps dans une certaine ignorance. Cela revient à dire : "Je ne sais pas qui contrôle, qui décide, dans ma propre vie, et par suite logique je ne sais pas qui je suis."
Attention, cela comporte un risque, celui de détruire un bon nombre de croyances, enfin de ne pas trouver rapidement la réponse à la question "Qui suis-je?"
Pourtant la vraie réponse ne peut que venir de l'intérieur de vous. Peut être une lecture pourra réveiller une réponse qui ne vous est pas étrangère, vous faire pressentir une direction.
Fondamentalement, c'est La question de la Vie."
samedi 2 juillet 2011
vendredi 1 juillet 2011
Les deux amis
"A t-on la maîtrise de sa vie? Si oui, est-ce vraiment de tout? Et si c'est non, qu'est-ce que l'on maîtrise? A priori, si vous êtes venus à cette conférence c'est que le sujet vous interpelle. Peut être avez-vous avez déjà fait vos propres constatations, dans un sens ou dans un autre, ou vous avez des doutes et vous cherchez un éclairage...
Ainsi comment êtes-vous venus jusqu'ici?
Je lis que certains sont au courant des conférences et choisissent celles qui les intéressent, d'autres regardent parfois les affiches en venant acheter un livre. On peut dire pour ceux là qu'ils étaient à priori prévenus, et qu'ils ont choisi de venir. Mais il y en a 3 qui disent avoir vu cette affiche au dernier moment sans savoir qu'il y avait des conférences, et enfin ceux qui étaient dans la librairie juste avant cette conférence.
Maintenant je voudrais vous faire remarquer autre chose. Pour ceux qui viennent parce qu'ils avaient déjà le programme, qu'est-ce qui vous a poussé à venir? Pour ceux qui ont vu l'information au dernier moment, dans quel état d'esprit étiez-vous juste avant? Et enfin, à chacun, pouvez-vous sentir quelle est votre attente par rapport au sujet? D'où vient cette attente? Qui en vous pose la question, et pourquoi vous la posez-vous?"
La conférencière s'arrêta un moment laissant à chacun le temps de la réflexion.
Elle ajouta qu'il était important pour chacun de découvrir par lui même les lois de la vie, de ne rien se laisser imposer par quiconque, et surtout de vérifier. "Avoir une expérience de ce que l'on dit, le reste n'a pas de valeur, c'est du brassage d'air!" La phrase était forte, mais plaisait à Philippe.
Il sentit que pour une fois, il était à la bonne place, qu'il allait découvrir une nourriture à la hauteur de ses demandes, et que cela s'était passé fortuitement, sans qu'il ait prévu quoique ce soit.
Quelques personnes ont pris la parole, disant en fait qu'elles avaient choisi de venir parce que le sujet les intéressait. Une par contre dit qu'elle était sure de choisir sa vie, et se demandait bien comment on pouvait penser le contraire. Elle avait eu l'information par une amie récemment qui était venue avec elle. L'amie en question dit que ne sachant que faire de sa vie, elle se posait justement la question de savoir comment faisaient les gens qui donnaient l'impression de tout maîtriser dans leur propre vie.
La conférencière sourit. Elle dit simplement que nul n'était à la place d'un autre et ne pouvait vraiment savoir ce qu'il vivait. Que l'apparence d'une facilité n'était pas si simple que ça.
Enfin quelqu'un dit qu'il était tombé sur l'affiche par hasard en tout début d'après midi, qu'il n'était même jamais venu à une conférence. Philippe prit la parole pour dire : "Moi aussi".
Ainsi comment êtes-vous venus jusqu'ici?
Je lis que certains sont au courant des conférences et choisissent celles qui les intéressent, d'autres regardent parfois les affiches en venant acheter un livre. On peut dire pour ceux là qu'ils étaient à priori prévenus, et qu'ils ont choisi de venir. Mais il y en a 3 qui disent avoir vu cette affiche au dernier moment sans savoir qu'il y avait des conférences, et enfin ceux qui étaient dans la librairie juste avant cette conférence.
Maintenant je voudrais vous faire remarquer autre chose. Pour ceux qui viennent parce qu'ils avaient déjà le programme, qu'est-ce qui vous a poussé à venir? Pour ceux qui ont vu l'information au dernier moment, dans quel état d'esprit étiez-vous juste avant? Et enfin, à chacun, pouvez-vous sentir quelle est votre attente par rapport au sujet? D'où vient cette attente? Qui en vous pose la question, et pourquoi vous la posez-vous?"
La conférencière s'arrêta un moment laissant à chacun le temps de la réflexion.
Elle ajouta qu'il était important pour chacun de découvrir par lui même les lois de la vie, de ne rien se laisser imposer par quiconque, et surtout de vérifier. "Avoir une expérience de ce que l'on dit, le reste n'a pas de valeur, c'est du brassage d'air!" La phrase était forte, mais plaisait à Philippe.
Il sentit que pour une fois, il était à la bonne place, qu'il allait découvrir une nourriture à la hauteur de ses demandes, et que cela s'était passé fortuitement, sans qu'il ait prévu quoique ce soit.
Quelques personnes ont pris la parole, disant en fait qu'elles avaient choisi de venir parce que le sujet les intéressait. Une par contre dit qu'elle était sure de choisir sa vie, et se demandait bien comment on pouvait penser le contraire. Elle avait eu l'information par une amie récemment qui était venue avec elle. L'amie en question dit que ne sachant que faire de sa vie, elle se posait justement la question de savoir comment faisaient les gens qui donnaient l'impression de tout maîtriser dans leur propre vie.
La conférencière sourit. Elle dit simplement que nul n'était à la place d'un autre et ne pouvait vraiment savoir ce qu'il vivait. Que l'apparence d'une facilité n'était pas si simple que ça.
Enfin quelqu'un dit qu'il était tombé sur l'affiche par hasard en tout début d'après midi, qu'il n'était même jamais venu à une conférence. Philippe prit la parole pour dire : "Moi aussi".
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