Avant hier sur un parking, une femme habillée en blanc, assez maigre, le visage prématurément vieilli sans doute par la souffrance, m'aborde en me disant : "Je vis dans une voiture avec ma fille, auriez-vous une pièce à me donner pour manger?" Ayant pour une fois quelques pièces dans mon porte monnaie, je le sortis et lui donnais 2 euros. Elle me remercia vivement, n'attendant peut être pas autant, au vu des quelques pièces jaunes qu'il y avait dans le creux de sa main.
Dans ma tête, me remontait le souvenir de quelques temps passés avec une femme ermite en Inde il y a 30 ans. On faisait le marché ensemble dans les rues encombrées de Tiruvanamalaï au pied d'Arunachala, où elle vivait dans une hutte. A un moment, une femme en haillon tendit la main avec ce regard implorant typique des professionnels de la mendicité. Elle sortit de dessous son sari une pièce et lui donna.
Elle m'expliqua ensuite comment elle faisait par rapport aux mendiants innombrables en Inde.
Je ne peux pas donner à chacun. D'abord il se peut que je n'ai pas d'argent, ou pas assez (elle vivait d'une maigre retraite et de dons). Ensuite je peux être pressée ou prise pour une raison quelconque, ou le contexte ne pas s'y prêter. Mais quand je peux donner, alors je prend mon temps et donne vraiment.
Presque chaque fois qu'une main se tend à mon encontre, je pense à elle qui m'a aidé dans mon cheminement pendant quelques semaines, et à ce qu'elle m'a dit ce jour là, dans la rue d'un marché.
Ayant acheté quelques gâteries pour une personne de passage, je m'en revenais vers la voiture. C'est alors que je revis cette femme prête à me redemander à nouveau. Me reconnaissant, elle m'adressa un sourire en me remerciant à nouveau. Je lui fis un signe de la tête.
J'imaginais la vie dans une voiture. Je sais que ça existe. C'est la première fois qu'une personne me disait ça.
Il y a des feux, des crosiemenst, où l'on retrouve toujours les mêmes personnes à tendre la main, depuis des années. Certains des vrais, d'autres peut être exploités dans un système terrible. Des regards comme on n'en voit pas dans les magazines ou sur les publicités. De tout temps et partout, l'homme oublié demande à l'homme repu.
Je me souviens enfant, on en voyait à la sortie des églises le dimanche matin. Je ne me souviens pas avoir vu mes parents donner. Je comprenais bien que ces clochards imaginaient tester la mise en actes de ceux qui, endimanchés, sortaient de l'église nourris de la parole divine. Effectivement cela avait l'air de marcher. C'était le seul endroit où j'ai vu des clochards à cette époque.
Aujourd'hui c'est monnaie courante (j'espère que ça vous fait rire)!
3 commentaires:
Oui un rire jaune comme les pièces !
Je sers "monnaie" à qui veut bien l'entendre...
Bon week-end Yannick !
Ici, il pleut un peu...
Hé l'eau, l'ami du nord.
Rire jaune, en effet.
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