Frère Antoine

Vendredi matin. Je débarque fatigué d'une nuit en bateau qui me ramène de Corse vers Nice. Direction : la grotte de frère Antoine, près de Fréjus.
Montant vers sa grotte, me reviennent toujours les sensations de la première fois, en 78, lorsque j'ai fait ce parcours à pied dans la garrigue, ne sachant pas vraiment où c'était. Je me dis que c'est un miracle de l'avoir trouvé aussi facilement à l'époque.
Il est toujours là, à 89 ans, humour aux lèvres et malice dans les yeux.
Toujours vif pour remettre l'essentiel sur le devant de la scène. Ainsi, alors que je lui parlais de quelqu'un qui mène une vie d'ermite aussi (dont j'avais entendu parler récemment), et qui médite, ou prie, toutes les 3 heures, il répondit : "Pourquoi pas tout le temps?"
Enseignement, boutades, souvenirs, histoires toujours savoureuses, nouvelles du "petit monde spirituel", ne se prenant jamais au sérieux, je retrouvais les ingrédients de ce qui m'avait conquis chez lui dés le début.
Assis là au dehors sous la tonnelle, avec le vent pour seul compagnon, je m'émerveillais de sa simplicité et de sa capacité d'abandon, le rire jamais très loin. Toujours prêt à offrir à manger, ou à boire, au pèlerin de passage, avant que de le nourrir autrement, ou tenter de le déstabiliser...
Le nombre de personnes, connues ou pas, qui sont passées ici, est incroyable. Cela fait une mine d'histoires et une vie si riche pour un homme qui s'est apparemment retiré du monde.
Cette petite matinée fut un véritable cadeau, où je l'ai trouvé plein de douceur et d'attention.
Il est parmi les rares derniers des anciens dans le monde de la spiritualité. On a bien sur parlé de la mort, notamment de celle d'Arnaud Desjardins. Alors que je lui souhaitais de rester le plus longtemps possible en bonne santé, il me dit que l'important était de garder un esprit d'accueil si la maladie devait arriver.
Que dire de plus?