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mardi 13 octobre 2009

Perdu dans la beauté



Lors de ce séjour à Kyoto, pour découvrir les jardins japonais, je voulais avant tout prendre le temps.
C'est comme un musée. Lorsque vous regardez une oeuvre, elle est là devant vous, vous en profitez, vous vous nourrissez. Dès que vous tournerez la tête, elle n'existera plus. Seul le souvenir. Combien de temps faut-il rester alors pour tuer le désir qui vous a attiré là?

C'est la première fois, c'est la dernière fois.
On n'est jamais sur qu'il y aura une prochaine fois.

Je prenais donc du temps. J'essayais différents points de vue. Une fois qu'un certain chemin était parcouru, je n'y reviendrais plus.
Certains jardins se découvrent d'un seul regard, d'autres sont un cheminement à travers différents espaces. Les jardins zen, secs, appellent au vide, et donc à l'arrêt méditatif. Les jardins avec un circuit offrent des points de vue, des pauses très étudiées, c'est une marche dans la beauté qui s'offre au regard mais qu'il ne peut saisir.

Une fois, passant d'espace en espace, regardant attentivement, puis prenant des photos, je fus finalement pris moi même par ce jardin. Au centre était une maison avec une salle de méditation, mais inaccessible, donnant sur un bassin, traversé par des pas en pierres, où l'ombre et la lumière se jouaient du visiteur.
De découverte en découverte, de sensation en sensation, le mental se tait. Le jardin fait son oeuvre.
Toujours est-il que sans m'en rendre compte je fus bientôt le dernier à rester à force de me faire doubler par les uns et les autres. Je m'approchais de la sortie, pour découvrir que la porte était close. Je revenais en arrière, pensant trouver encore quelques visiteurs. Non, j'étais le dernier et j'étais enfermé.
Je m'approchais de la maison où j'entendis du bruit. Il y avait un accés par derrière, beaucoup moins agréable à l'oeil. Je franchis l'entrée, appela, et soudain je me suis trouvé face à un moine, en tout cas habillé comme tel, qui devait vivre ici en famille, et pas seulement dans le calme d'après les sons de voix... Quelle ne fut pas sa surprise de me voir dans l'entrée! Je lui expliquais en anglais ce qu'il m'était arrivé. Je sentis qu'il reprenait tout à coup son statut de moine, responsable du lieu, quittant celui de père de famille, pour m'accompagner vers la sortie.
J'avais du, sans le vouloir, pénétrer dans son intimité, ce qui au Japon, n'est pas dans les convenances, surtout de la part d'un étranger.
Vérifiant ma montre je n'avais pas dépassé l'heure de visite...

Quel jardin magnifique!

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour Yannick,
Merci pour ces récits, que j'apprécie toujours beaucoup et qui me font découvrir de belles choses.

Dominique a dit…

Voila qui donne l'eau à la bouche pour ce week-end.

yannick a dit…

Oui je chine dans mes souvenirs comme dirait acouphène, pour préparer le week end à Paris.

Mabes a dit…

tu chines ou tu japonises ?