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vendredi 23 décembre 2011
Le livre du vide ultime
Noêl, le droit à la joie, le droit aux cadeaux, le droit à la fête....
Pour moi, c'est acheter un livre, des livres.
Je pars donc en milieu d'après midi vers une grande librairie d'occasion où je trouve en général mon bonheur. J'y trouve souvent un ou plusieurs livres à peu près à moitié prix. Quelques rayons me retiennent en particulier : la spiritualité, les voyages, les bateaux... Je regarde, je feuillette, je compare le prix et l'intérêt. Avec l'expérience, je soupèse le contentement que va m'apporter le livre. La qualité des photos, du texte, ce que je connais déjà sur le sujet, ce que je possède déjà dans le même genre. Je revois certains que j'ai déjà abordé une fois précédente. J'en note un ou deux, je passe au rayon suivant, je reviendrais après...
Je n'ai pas encore lu les derniers achetés. Je ne vois rien d'extraordinaire. A bout d'une heure, après avoir revu ceux que je me gardais en réserve, je ressors sans rien acheter. Fait rare, mais sans aucun regret. Je sais que je deviens difficile, et je ne veux pas acheter par principe un livre sur lequel je n'aurais pas plaisir à revenir.
Direction la plus grande librairie de la ville.
En y entrant je me dis en me moquant de moi même : "Ah, trouver le livre qui comble définitivement, l'ultime cadeau!" De nouveau j'épluche les rayons. Je n'hésite pas à retirer l'enveloppe plastique d'un gros que je feuillette ensuite attentivement. Puis je remets l'enveloppe avec attention.
J'aurais pu être libraire, non pas que je lise beaucoup, loin de là, mais pour toucher les livres, les ranger, les sortir, les mettre en évidence. Il ne se passe pas une fois que je remette des livres à leur place, aujourd'hui encore plusieurs.... Comment peut-on prendre un livre et le laisser n'importe où? Je me freine pour ne pas en ranger plus ou les remettre dans le bon sens.
Toujours est-il que rien ne me comble vraiment. Bon, je vais changer ma manière de faire. Je ne vais plus chercher, mais me laisser conduire.
Au rayon spiritualité, je regarde d'un oeil amusé les nouveautés, les classiques, ceux qui attirent par le titre ou une photo de couverture. Tout ça est merveilleux. Quel choix! J'ai vu un ABC de la méditation. Je me suis dit que l'on ne voyait jamais le XYZ de quoique ce soit. Quel dommage!
Et puis je tombe sur un livre de Bernard Besret intitulé "A hauteur des nuages". Quel merveilleux titre! En dessous : Chroniques de ma montagne taoïste. Cela m'attire à double titre.
Bernard Besret est un ancien moine cistercien, prieur de l'abbaye de Boquen, dont la contestation, puis la démission avaient défrayé la chronique dans les années 60 et 70. Je l'avais rencontré à Boquen, alors étudiant, et lui avais demandé de faire partie du jury pour mon diplôme sur les abbayes cisterciennes. J'ai le souvenir d'un homme simple, serviable et très humain. Un homme qui me semblait au dessus du lot, ayant choisi de quitter les chemins rassurants pour emprunter les méandres de l'incertitude répondant mieux à son tempérament de rebelle ou d'homme intégre. Un parcours pas évident que de quitter le monachisme pour suivre son instinct.
Je prends le livre du dessous, parce qu'il n'a pas été feuilleté et me semble du dernier neuf (encore une manie!), puis me dirige vers la caisse.
Je suis vraiment content de retrouver cet homme que j'ai croisé il y a plus de 35 ans. Le temps de la queue, je commence à lire la quatrième page. Prenant le livre par la fin , je fais défiler les pages. Je vois quelque pages blanches, et me dis : "Tiens, il laisse de quoi écrire à son lecteur..." Je continue et découvre un livre ne comportant que des pages blanches. Je vous assure que ça fait drôle. L'apparence d'un livre, la sensation subtile qu'il contient des richesses merveilleuses, et tout d'un coup que des pages blanches. Je me tourne vers la personne derrière moi en lui disant une phrase humoristique sur mon choix de livre.. Il me répond que l'on ne met pas longtemps à le lire au moins!
Je retourne au rayon et voit passer une vendeuse. Je l'arrête en lui disant que j'ai trouvé un excellent livre sur le vide, vraiment très pratique. Elle sourit en le découvrant. "Prenez en un autre." Je lui laisse et prend l'un des deux restants. Je l'ouvre. Pareil. Incroyable! Du coup je me rabat sur le premier qui a une étiquette "coup de coeur du libraire". Je donne le deuxième livre blanc à la vendeuse qui n'a pas l'air plus étonnée que ça.
Je retourne à la caisse en riant. Moi qui voulais un livre qui comble définitivement, je tombe sur un livre vide. Vraiment le sens pratique de la vie est surprenant.
Il n'y a rien à apprendre dans les livres... Tout est dans la vie.
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7 commentaires:
Bonjour Yannick ,
Voilà une belle expérience, riche de sens ...
Ta dernière phrase serait-elle un message personnel , qui concernerait une réorientation possible ?
Car , il me semble que :
" Tout est dans la Vie " est un absolu, et ce que peuvent nous apprendre les livres est de l'ordre du relatif , non ?
On peut dire aussi que :
"Les livres sont au servive de la Vie"...
bref ! l'un n'exclue pas l'autre.
Belles fêtes à toi dans la Vie !
Bonjour Yannick,
Moi aussi, j'aime les livres et me suis reconnue dans vos "manies", telles que vous les décrivez...
Je ne résiste pas à faire le lien avec mon blog :
http://benediction.eu/WordPress/, la synchronicité est trop belle !...
Le post du jour s'intitule : "Seule compte votre expérience..."
C'est un extrait d'un des nombreux livres d'Arnaud Desjardins (que vous affectionnez particulièrement il me semble) : Bienvenue sur la voie...
Merci de votre blog
où je viens régulièrement.
Bonnes Fêtes de fin d'année
et Bien à vous...
Lucia
Oui Marie, je mélange le relatif et l'absolu. Les livres sont un moyen de se connecter à ce qui nous attire, mais l'expérience directe est sans support....quand elle vient.
Ne rien exclure, bien évidemment.
Merci de ce commentaire et de la riche idée de mettre votre lien. Je viens d'aller voir. Superbe. Nous sommes reliés à travers nos aspirations et ses manifestations. Bonnes fêtes.
Très fort, ça a du être un moment magique dans cette librairie.
Nous connaissons bien Bernard...Je me demande si je lui raconte cette aventure...partagée entre l'incroyable synchronicité, et la peur de lui apprendre qu'une partie de ses livres sont mal imprimés. Je vais attendre de le revoir pour lui raconter de vive voix.
Anne
Anne, j'ai vu son site, et je pense que je vais lui écrire.
Bonne idée, il a un magnifique projet en Chine,là-haut dans les montagnes..
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